Petrobras vise Raízen pour relancer l’éthanol sous contrainte juridique d’ici fin 2025

Selon O Globo, Petrobras étudie une entrée chez Raízen, via prise de participation ou achat d’actifs, pour renouer avec l’éthanol. Une décision est envisagée d’ici fin 2025, sous contraintes juridiques liées à la distribution de carburants.

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Petrobras envisage une opération stratégique pour réintégrer le marché de l’éthanol, secteur qu’elle avait en grande partie quitté en 2017. Le 16 août 2025, le quotidien O Globo a révélé que l’entreprise examine la possibilité d’investir dans Raízen, acteur majeur de la filière biocarburants, détenu par Cosan et Shell. Deux options sont actuellement sur la table : une prise de participation directe ou l’acquisition ciblée d’actifs liés à la production d’éthanol.

Les deux sociétés n’ont pas commenté publiquement ces informations. Toutefois, des sources proches du dossier confirment que les discussions avancent en interne depuis plusieurs mois. Cette opération s’inscrirait dans le cadre du plan stratégique 2025–2029 de Petrobras, qui prévoit 2,2 milliards de dollars d’investissements dans la filière éthanol.

Enjeux industriels et périmètre de l’opération

Raízen est aujourd’hui le plus grand producteur mondial d’éthanol de canne à sucre et l’un des rares groupes à opérer des unités d’éthanol cellulosique de deuxième génération (2G) à l’échelle commerciale. Elle contrôle 29 usines au Brésil, un portefeuille d’actifs agricoles significatif, ainsi qu’un réseau de distribution de plus de 8 000 stations-service sous la marque Shell, implantées au Brésil, en Argentine et au Paraguay.

Cet ancrage industriel constitue un atout stratégique pour Petrobras, qui cherche à rééquilibrer son portefeuille entre pétrole conventionnel et carburants alternatifs. Toutefois, la présence de Raízen dans la distribution de détail complique l’opération envisagée en raison des obligations contractuelles liant Petrobras à Vibra Energia.

Contrat de non-concurrence et leviers de contournement

Petrobras est tenue par une clause de non-concurrence signée lors de la cession de sa filiale BR Distribuidora, interdisant toute réentrée sur le marché de la distribution de carburants avant 2029. Cette contrainte juridique exclut toute participation directe aux activités de détail de Raízen, sauf à structurer l’opération de manière spécifique.

Parmi les options étudiées figurent la séparation juridique des actifs concernés (« segregação de ativos ») ou la création de mécanismes de gouvernance restreignant l’influence de Petrobras sur les opérations de distribution. La présidente de Petrobras, Magda Chambriard, a rappelé publiquement que le respect des engagements contractuels reste impératif, mais a également évoqué une réflexion stratégique sur un éventuel retour à l’aval à moyen terme.

Raízen fragilisée et ouverture au capital

La conjoncture actuelle rend l’opération potentiellement favorable. Raízen a enregistré une perte nette de 1,8 milliard de reais au premier trimestre de la campagne 2025/26, après un bénéfice de 1,1 milliard un an auparavant. Cette dégradation des résultats opérationnels a entraîné une forte baisse de son action en bourse.

Face à cette pression financière, Cosan, actionnaire principal, s’est déclaré favorable à l’entrée d’un nouvel investisseur. Une prise de participation de Petrobras serait ainsi perçue comme un levier de stabilisation à court terme, permettant de renforcer les capacités industrielles de Raízen dans un contexte de volatilité des marchés agricoles et énergétiques.

Conséquences économiques et structurelles

Pour Petrobras, l’opération viserait un double objectif : accéder à des volumes importants de biocarburants tout en restant en conformité avec ses engagements juridiques. Une exposition accrue à la filière éthanol renforcerait la diversification de ses revenus à long terme, notamment face à l’instabilité des cours du pétrole brut.

L’enjeu est également politique. Le gouvernement brésilien actuel, dirigé par Luiz Inácio Lula da Silva, soutient une participation accrue de Petrobras dans les filières domestiques liées à la sécurité énergétique. Le retour dans l’éthanol pourrait ainsi être perçu comme une démarche stratégique, à la fois industrielle et nationale, même s’il suscite des débats sur les effets d’un réengagement partiel de l’État dans les marchés aval.

Positionnement stratégique et signaux du marché

Depuis 2023, Petrobras a engagé une réorientation de son portefeuille d’activités, rééquilibrant ses investissements vers des segments moins dépendants des hydrocarbures. Dès novembre 2024, elle avait déjà entamé des discussions exploratoires avec Raízen, Inpasa et BP sur des partenariats dans les biocarburants. Cette logique s’inscrit dans une stratégie plus large visant à bâtir un portefeuille plus résilient et aligné avec les priorités énergétiques nationales.

Pour Raízen, l’arrivée de Petrobras représenterait un signal fort au marché et un moyen de renforcer sa solidité financière. Pour Petrobras, ce partenariat servirait d’amorce pour reprendre pied dans une filière qu’elle avait abandonnée pour des raisons économiques et structurelles en 2017, à l’époque d’une stratégie centrée sur l’amont (exploration/production).

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