Petrobras appliquera une réduction de 14% sur les prix du gaz naturel vendus aux distributeurs à partir du 1er août, comparé au trimestre précédent. Cette décision intervient dans un contexte de baisse de 11% des prix du pétrole Brent et d’une appréciation de 3,2% du real brésilien face au dollar américain. La compagnie révise ses tarifs trimestriellement pour limiter la volatilité à court terme sur le marché domestique.
Cette baisse représente la dernière d’une série d’ajustements qui ont réduit les prix du gaz naturel de 32% depuis décembre 2022. Les nouvelles structures tarifaires pourraient générer des économies substantielles pour les distributeurs locaux. Selon les estimations du secteur, les réductions pourraient atteindre 132 millions de dollars sur l’année 2025, grâce notamment à des mécanismes d’incitation qui offrent des rabais allant jusqu’à 11,5% pour les clients maximisant l’utilisation de leurs volumes contractuels.
Production record et infrastructure renforcée
La production de gaz naturel au Brésil a atteint un niveau record de 172,3 millions de mètres cubes par jour en mai 2025, selon l’Agence Nationale du Pétrole (ANP). Cette hausse de 18,3% par rapport à mai 2024 s’explique principalement par l’entrée en service de nouvelles infrastructures. Le pipeline Route 3, d’une capacité de 18 millions de mètres cubes par jour, et l’usine de traitement de gaz du Complexe Énergétique de Boaventura, capable de traiter 21 millions de mètres cubes quotidiennement, ont commencé leurs opérations commerciales en novembre 2024.
Malgré cette augmentation de la production, environ 95,5 millions de mètres cubes par jour étaient réinjectés dans les réservoirs en mai pour maintenir la pression et optimiser l’extraction pétrolière. Cette pratique, courante dans l’industrie, limite la quantité de gaz disponible pour le marché domestique à 55,4 millions de mètres cubes par jour. Le torchage représentait 4,3 millions de mètres cubes quotidiens durant la même période.
Politique gouvernementale et défis de distribution
Le gouvernement de Luiz Inácio Lula da Silva considère l’énergie bon marché, particulièrement le gaz naturel, comme un catalyseur pour stimuler l’activité industrielle. Le ministre des Mines et de l’Énergie, Alexandre Silveira, a été mandaté pour trouver des moyens de réduire les prix du gaz et augmenter l’offre domestique. Cette approche s’inscrit dans une stratégie plus large visant à réduire la dépendance du pays aux importations, notamment pour les engrais azotés dont la production nécessite d’importantes quantités de gaz naturel.
Les réductions de prix annoncées par Petrobras ne se traduisent pas automatiquement par des baisses équivalentes pour les consommateurs finaux. Les prix à la pompe dépendent de multiples facteurs incluant les taxes fédérales et étatiques, les ratios de mélange d’éthanol et les marges bénéficiaires des distributeurs et revendeurs. Cette situation a conduit les autorités brésiliennes à ouvrir des enquêtes sur d’éventuelles pratiques anticoncurrentielles dans la chaîne de distribution. L’Administration de Défense Économique (CADE) et le bureau du Procureur Général examinent actuellement pourquoi les réductions tarifaires de Petrobras n’atteignent pas pleinement les consommateurs.
Leadership et stratégie d’investissement
Sous la direction de Magda Chambriard, nommée présidente-directrice générale en juin 2024, Petrobras doit accélérer ses investissements dans les raffineries et l’infrastructure gazière. Le plan stratégique quinquennal de la compagnie prévoit 102 milliards de dollars d’investissements, dont 17 milliards pour les raffineries et 9 milliards pour le gaz naturel et les énergies alternatives. Son mandat, renouvelé jusqu’en avril 2027, confirme la continuité de la politique énergétique du gouvernement Lula.
Petrobras a également modifié sa politique de prix en mai 2023, abandonnant le modèle de parité avec les prix internationaux pour adopter une approche privilégiant la stabilité du marché domestique. Cette stratégie vise à protéger les consommateurs brésiliens de la volatilité des marchés internationaux tout en maintenant la compétitivité de l’entreprise. Depuis janvier 2023, les prix du diesel ont chuté de 34,9% et ceux de l’essence de 17,5%, bien que ces baisses ne se reflètent que partiellement dans les prix payés par les consommateurs finaux.
Les défis restent nombreux pour le secteur gazier brésilien. La production nationale d’engrais azotés demeure économiquement non viable aux prix actuels du gaz naturel, forçant le pays à importer 85% de ses besoins. Le Brésil vise à produire 45 à 50% de ses besoins en engrais d’ici 2050, objectif qui nécessitera un approvisionnement stable et abordable en gaz naturel. Par ailleurs, les tarifs électriques élevés du pays, parmi les plus onéreux d’Amérique latine, représentent jusqu’à 18% des revenus des ménages les plus pauvres, soulignant l’importance d’une politique énergétique équilibrée qui concilie développement industriel et justice sociale.