Le syndicat nigérian du pétrole et du gaz, Petroleum and Natural Gas Senior Staff Association of Nigeria (PENGASSAN), a interrompu l’approvisionnement en gaz naturel de la raffinerie Dangote, l’une des plus vastes installations de raffinage du continent. Cette décision intervient après le licenciement massif de travailleurs nigérians, remplacés, selon le syndicat, par des ressortissants étrangers.
Dans une directive datée du 26 septembre, PENGASSAN a exigé la fermeture immédiate des vannes d’alimentation en brut et gaz, et la suspension de tout chargement à destination de la raffinerie. L’organisation a accusé Dangote Petroleum Refinery d’avoir recours à de la “propagande” au lieu de s’engager dans un dialogue sur les conditions de départ du personnel syndiqué. Le secrétaire général de PENGASSAN, Lumumba Okugbawa, a déclaré que tous les chapitres syndicaux dans les entreprises pétrolières devaient appliquer l’ordre sans délai.
Blocage stratégique dans un contexte déjà tendu
Cette mesure de rétorsion survient alors que la raffinerie de 20 milliards $ fait face à des difficultés croissantes d’approvisionnement en brut, aggravées par des écarts de change défavorables. La direction de Dangote a annoncé qu’à compter du 28 septembre, elle cesserait de vendre de l’essence en naira, accentuant les tensions sur les coûts de carburant et sur la valeur de la monnaie locale. La société n’a pas commenté officiellement la directive syndicale.
La suspension des livraisons pourrait interrompre une part significative des opérations de la raffinerie, qui compte sur un flux constant de brut et de gaz pour maintenir ses lignes de production. PENGASSAN affirme que le licenciement des employés nationaux constitue une atteinte directe aux droits du travail et dénonce le recours systématique à la main-d’œuvre étrangère.
Un impact potentiel sur la distribution nationale
La raffinerie, située près de Lagos, avait commencé à augmenter sa cadence de production pour répondre à la demande intérieure de carburants. L’arrêt des flux pourrait désorganiser la chaîne logistique pétrolière au Nigeria, premier producteur de brut du continent. Le syndicat a instruit ses représentants de surveiller la stricte application de la directive et de faire remonter régulièrement les informations.
Le conflit met en lumière les tensions croissantes entre les opérateurs industriels et les représentants du personnel, dans un secteur où les enjeux économiques et sociaux sont particulièrement imbriqués. Le Nigeria reste dépendant de l’importation de produits raffinés, malgré la montée en puissance d’installations locales telles que Dangote.