Le budget proposé par le gouvernement mexicain pour 2025 alloue 22,75 milliards de dollars à Petróleos Mexicanos (Pemex), marquant une baisse de 7,5 % par rapport à 2024. Cette réduction inquiète les experts, qui considèrent ce financement insuffisant pour permettre à l’entreprise de maintenir ou d’augmenter sa production de brut, essentielle à l’économie nationale.
Selon des données récentes, la production actuelle de Pemex s’élève à 1,42 million de barils par jour (b/j), un record bas en quatre décennies. Bien que les plans pour 2025 incluent une légère hausse de la production à 1,863 million de b/j grâce à de nouveaux champs pétroliers, les analystes estiment que cela est irréalisable sans investissements supplémentaires. Oscar Ocampo, spécialiste en énergie au sein de l’Institut mexicain de compétitivité, souligne que ce budget « ne permettra pas à Pemex de renverser la tendance de déclin ».
Un modèle économique à réviser
BBVA, la principale banque au Mexique, critique également la structure actuelle de l’entreprise, qui selon elle, constitue un fardeau financier pour l’État. Les experts insistent sur la nécessité de revoir le modèle économique de Pemex pour éviter une dépendance accrue aux importations de brut, notamment pour alimenter ses raffineries.
Malgré des efforts pour stabiliser la production, le Mexique pourrait se voir devancé par des pays comme l’Argentine et le Guyana en termes de production pétrolière dans les prochaines années. Gonzalo Monroy, directeur général de la société de conseil GMEC, estime qu’un investissement annuel de 20 milliards de dollars est nécessaire pour maintenir une production stable, soit presque le double de ce qui est actuellement prévu.
Un avenir limité pour les projets alternatifs
Le budget 2025 exclut tout financement significatif pour des projets d’énergies renouvelables comme l’hydrogène vert ou la géothermie, domaines évoqués par Pemex mais qui restent périphériques. Cette décision, bien qu’elle recentre l’entreprise sur ses activités principales, ne permet pas de diversifier les revenus ni de préparer la transition énergétique du Mexique.
Les défis persistants de la raffinerie Olmeca
La raffinerie Olmeca, connue sous le nom de Dos Bocas, illustre les difficultés de Pemex. Initialement budgétée à 8 milliards de dollars, son coût réel pourrait atteindre 24 milliards, et elle reste largement incomplète malgré son inauguration en juillet 2022. En septembre dernier, la raffinerie n’a produit que des volumes marginaux, selon les données de la Commission nationale des hydrocarbures (CNH).
L’ambition de réduire la dépendance énergétique vis-à-vis des importations américaines semble compromise par les retards et dépassements budgétaires de ce projet emblématique de l’ancien président Andrés Manuel López Obrador.
Un avertissement des experts
De nombreux analystes mettent en garde contre le risque de laisser les vastes ressources pétrolières du Mexique inexploitées en raison d’un cadre réglementaire contraignant et d’un manque de vision à long terme. Les politiques actuelles pourraient freiner l’exploitation des réserves nationales, alors même que d’autres nations augmentent leur production.