Le groupe américain Peabody Energy a officiellement retiré son offre de 3,78 milliards de dollars pour l’acquisition des mines de charbon à coke australiennes d’Anglo American. Cette décision intervient à la suite d’un désaccord sur l’impact d’un incendie survenu en avril à la mine souterraine de Moranbah North, située dans le bassin de Bowen, en Australie, l’un des plus grands centres mondiaux de production de charbon métallurgique.
Anglo American, cotée à la Bourse de Londres, avait intégré ces actifs dans ses opérations dites « abandonnées » lors de la publication de ses résultats semestriels en juillet. Ce portefeuille d’actifs non stratégiques avait été mis en vente après l’échec de l’offre publique d’achat du groupe minier BHP. La vente devait marquer une étape majeure dans la restructuration du portefeuille d’Anglo, centrée sur des actifs jugés plus performants à long terme.
Litige autour d’un événement adverse majeur
Le différend s’est cristallisé autour d’une clause contractuelle relative à un changement défavorable important, ou « material adverse change » (MAC). Peabody a invoqué cette clause à la suite de l’incendie, arguant que l’événement avait eu un impact significatif et durable sur l’exploitation du site le plus important de la transaction.
Dans une déclaration officielle, le président-directeur général de Peabody, Jim Grech, a indiqué qu’aucun accord n’avait pu être trouvé pour compenser ces impacts. L’entreprise a donc décidé d’interrompre le processus d’acquisition, conformément à ses droits contractuels.
Procédure d’arbitrage en préparation
Anglo American a contesté la validité de cette décision, estimant que les dommages causés par l’incendie ne justifiaient pas la qualification de MAC. Selon l’entreprise, ni les installations minières ni les équipements n’ont subi de dégâts irréparables, et les travaux de redémarrage du site sont déjà en cours. Elle a confirmé son intention d’engager rapidement une procédure d’arbitrage pour réclamer des compensations pour rupture abusive du contrat.
La possibilité d’un paiement de frais de résiliation n’a pas encore été confirmée par les parties, et aucune information n’a été communiquée à ce sujet à ce stade.
Répercussions sur les stratégies de désengagement
Ce retrait constitue un revers pour Anglo dans sa stratégie de cession d’actifs. La société s’est toutefois dite confiante dans sa capacité à relancer un nouveau processus de vente, soulignant l’intérêt soutenu manifesté lors de l’appel d’offres initial. Le PDG, Duncan Wanblad, a précisé qu’Anglo restait engagée dans sa démarche de recentrage stratégique et étudiait déjà d’autres options.
Sur les marchés financiers, les actions de Peabody ont gagné plus de 6 % dans les échanges avant l’ouverture aux États-Unis. De son côté, le titre Anglo American a connu une volatilité modérée, effaçant ses pertes initiales pour finalement progresser de 2,9 % en cours de séance.
Ce différend met en lumière les risques contractuels associés aux opérations de cession dans le secteur minier, notamment lorsque des événements techniques imprévus interviennent entre la signature et la finalisation d’un accord. Il pose également la question de la gestion des actifs stratégiques dans un contexte de restructuration accélérée chez les grands acteurs du secteur.