Le gouvernement français intensifie ses démarches pour obtenir un report des sanctions que l’Union européenne envisage d’appliquer aux constructeurs automobiles européens en 2025, en cas de non-respect des objectifs de réduction des émissions de dioxyde de carbone (CO2). Antoine Armand, ministre de l’Économie, a exposé cette position dans une interview au journal économique Les Échos, soulignant les risques pour les investissements dans l’industrie automobile si les sanctions étaient maintenues à cette échéance.
Depuis plusieurs années, les constructeurs automobiles européens s’efforcent de réduire leur empreinte carbone en intégrant davantage de véhicules électriques dans leurs gammes. Cependant, la norme CAFE (Corporate Average Fuel Economy), qui impose une moyenne annuelle d’émissions par voiture vendue en Europe, doit franchir un nouveau seuil à partir de janvier 2025. Cette évolution imposerait des amendes importantes aux entreprises qui ne parviennent pas à aligner leurs émissions sur les objectifs fixés.
Une échéance critiquée par le secteur
Les constructeurs automobiles ont exprimé leurs inquiétudes concernant cette échéance. Antoine Armand a déclaré que ces sanctions pourraient nuire au secteur, en particulier à un moment critique pour la transition énergétique. « Si nous devons infliger des amendes gigantesques aux constructeurs parce qu’ils ne sont pas allés assez vite, la première conséquence sera d’affaiblir l’investissement et surtout de renforcer nos concurrents asiatiques », a-t-il précisé.
En parallèle, Marc Ferracci, ministre délégué chargé de l’Industrie, a également plaidé pour ce report dans le quotidien allemand Handelsblatt. Cette prise de position conjointe vise à renforcer l’argumentation de la France auprès de la Commission européenne et des homologues européens.
Un effort massif de décarbonation
Selon les autorités françaises, de nombreux constructeurs se sont fermement engagés dans la voie de l’électrification, et ces efforts devraient être pris en compte avant d’appliquer des pénalités. Les représentants français ont rappelé que le secteur automobile a réalisé des progrès considérables pour répondre aux exigences climatiques de l’UE, et que des amendes précipitées pourraient ralentir la transition vers des véhicules moins polluants.
Lors du Sommet de l’automobile à Paris, le ministre de l’Économie avait déjà laissé entendre que le gouvernement envisageait des options pour éviter ces sanctions. En soulignant les « efforts immenses » réalisés par les constructeurs, Antoine Armand a appelé à une approche plus flexible pour soutenir la transition industrielle sans compromettre la compétitivité des acteurs européens sur la scène internationale.
Des perspectives de négociations à Bruxelles et Berlin
Dans le cadre des réunions de l’Eurogroupe et de l’Ecofin à Bruxelles, Antoine Armand rencontrera ses homologues européens pour discuter de cette question cruciale. De son côté, Marc Ferracci se rendra à Berlin pour la 10e Journée Franco-Allemande de l’Économie, où il défendra également la position française face aux partenaires allemands. Les discussions devraient porter sur la nécessité de trouver un équilibre entre les objectifs environnementaux et les défis économiques liés à la transition vers une mobilité durable.