Le gouvernement français a confié à Jean-Bernard Lévy, ancien président-directeur général d’Électricité de France (EDF), et au conseiller d’État Thierry Tuot une mission d’évaluation du soutien public aux énergies renouvelables et aux dispositifs de stockage électrique. Cette initiative vise à optimiser l’allocation budgétaire dans un contexte de pressions sur les finances publiques et de montée en puissance des technologies renouvelables.
Une révision motivée par le coût croissant des aides
Le modèle actuel repose principalement sur des contrats de soutien garantissant un prix fixe aux producteurs, indépendamment des fluctuations du marché. Ce système, qui a permis le développement rapide du solaire et de l’éolien, engendre désormais des charges importantes pour l’État. Le projet de loi de finances pour 2026 évalue ces engagements à EUR8,2bn ($8.86bn), selon les données communiquées par Matignon.
En période de faible demande, les surplus de production renouvelable peuvent générer des prix négatifs sur les marchés de gros. Dans ce cas, la puissance publique est tenue de compenser la différence entre le prix contractuel et le prix de marché, accentuant la pression budgétaire.
Vers un modèle de soutien plus équilibré
La mission confiée aux deux experts devra proposer des pistes pour ajuster ces dispositifs, notamment en renforçant les capacités de stockage par batteries. Cette flexibilité accrue est présentée comme une solution pour mieux intégrer les énergies renouvelables dans le réseau, dont la production reste variable par nature.
Le Premier ministre a précisé que l’objectif était de parvenir à un partage plus équitable de l’effort financier entre les acteurs publics et privés. Cette orientation s’inscrit dans un cadre plus large de réformes de la politique énergétique, alors que les arbitrages sur la stratégie française à long terme, dont la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE3), sont toujours en attente.
Réactions contrastées au sein du secteur
Certains représentants des filières renouvelables jugent le principe d’un audit justifié, à condition qu’il permette d’éliminer les situations de rente. D’autres s’interrogent sur l’absence du nucléaire dans le périmètre d’analyse, estimant que ses coûts, notamment ceux liés au chantier du réacteur EPR de Flamanville, mériteraient également une évaluation approfondie.
Marine Le Pen, présidente du groupe Rassemblement national à l’Assemblée nationale, a plaidé pour une mesure forte sur les prix de l’électricité lors d’un entretien avec le ministre de la Transition énergétique, Sébastien Lecornu. Parallèlement, le gouvernement poursuit ses consultations pour finaliser le décret encadrant la PPE3, dont la publication est annoncée d’ici la fin décembre.