Lors du conseil des ministres franco-allemand tenu à Toulon, Emmanuel Macron et le chancelier Friedrich Merz ont adopté une série de feuilles de route bilatérales visant à renforcer la coopération stratégique entre les deux pays. Parmi les huit axes validés, l’énergie figure comme un dossier central, avec un accord spécifique sur la reconnaissance du rôle du nucléaire dans la transition énergétique européenne.
La feuille de route énergétique confirme l’objectif partagé de permettre à l’énergie nucléaire d’accéder aux mécanismes de financement européens, au même titre que les autres sources bas-carbone. La formulation d’un principe de « non-discrimination » a été inscrite dans le document commun, marquant une inflexion dans la position allemande, historiquement réservée sur le sujet.
Le nucléaire réintégré dans la logique de marché
Ce rapprochement intervient après plusieurs années de désaccord entre Paris et Berlin, notamment autour des critères d’éligibilité des projets énergétiques à la taxonomie verte européenne. La France défendait une reconnaissance pleine du nucléaire dans les instruments de financement, tandis que l’Allemagne avait privilégié les énergies renouvelables, dans le prolongement de sa politique de sortie du nucléaire.
La feuille de route ne modifie pas les politiques nationales respectives mais établit une position commune sur les règles européennes, notamment sur l’accès aux fonds de transition énergétique. Elle pourrait peser dans les prochaines négociations sur la réforme du marché de l’électricité de l’Union européenne.
Un signal politique pour l’industrie énergétique
L’officialisation de cette approche commune intervient alors que plusieurs industriels du secteur nucléaire, dont Electricité de France (EDF) et Framatome, appellent à une clarification du cadre réglementaire pour garantir la bancabilité des projets. En Allemagne, l’absence de nouveaux projets nucléaires limite l’impact direct, mais le soutien à une approche plus neutre sur le plan technologique est perçu comme un signal politique fort.
Outre l’énergie, les autres feuilles de route validées concernent le commerce, l’industrie, la souveraineté numérique ou encore la défense. Les discussions ont volontairement laissé de côté plusieurs sujets sensibles, dont le projet d’accord commercial entre l’Union européenne et les pays du Mercosur, ainsi que le programme d’avion de combat du futur.