Les ministres des Affaires étrangères de la France, de l’Allemagne et du Royaume-Uni ont averti l’Iran qu’ils réactiveraient les sanctions internationales si aucune avancée significative n’était constatée sur le dossier nucléaire. Lors d’un échange téléphonique avec Abbas Araghchi, représentant iranien, Johann Wadephul, Yvette Cooper et Jean-Noël Barrot ont réaffirmé que le maintien du gel des sanctions dépendait de gestes tangibles de la part de Téhéran.
Un ultimatum en suspens et des conditions non remplies
Réunis sous l’acronyme E3, les trois pays ont rappelé avoir proposé une extension du délai avant la réactivation du mécanisme de « snapback », qui permet le rétablissement automatique des sanctions des Nations unies. Cette offre, toujours valable, reste conditionnée à une coopération immédiate. Selon une source diplomatique française, il appartient désormais à l’Iran de faire preuve de bonne foi pour éviter une dégradation économique supplémentaire.
En réponse, Abbas Araghchi a déclaré que l’Iran restait prêt à « une solution juste et équilibrée », tout en appelant les pays européens à ne pas se laisser influencer par « d’autres acteurs », une référence implicite aux États-Unis et à Israël.
Coopération bloquée avec l’AIEA sur fond de tensions militaires
L’accord de juillet 2015, appuyé par une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU, permettait un contrôle international du programme nucléaire iranien. Mais la suspension des inspections par Téhéran à la suite des frappes menées en juin par les forces israéliennes et américaines a ravivé les tensions. Un nouvel accord de coopération a été signé le 9 septembre entre l’Iran et l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), mais sans relance effective des inspections.
Les autorités iraniennes justifient le blocage par des préoccupations de sécurité et d’environnement sur les sites endommagés. L’accès à ces installations reste soumis à l’approbation du Conseil suprême de sécurité nationale iranien, instance sécuritaire la plus élevée du pays.
Une accumulation de matières sensibles dans un contexte diplomatique gelé
Un rapport confidentiel de l’AIEA révèle que l’Iran a accéléré, avant la guerre de juin, l’enrichissement de son stock d’uranium à 60 %, seuil techniquement proche du niveau requis pour une utilisation militaire. Le gouvernement iranien affirme que cette matière est restée piégée sous les décombres causés par les frappes, sans toutefois permettre de vérification par des inspecteurs internationaux.
L’Allemagne, la France et le Royaume-Uni conditionnent la suspension du « snapback » à un accès total de l’AIEA aux sites concernés. Ils demandent également une reprise rapide du dialogue entre Téhéran et Washington, suspendu depuis avril. Cependant, les autorités iraniennes refusent toujours toute discussion sur leur programme balistique, élément clé des exigences américaines.
Pressions croissantes entre alliés et lignes rouges iraniennes
En déplacement en Israël, le secrétaire d’État américain Marco Rubio a déclaré que les États-Unis poursuivraient leur politique de « pression maximale » sur la République islamique. Ces propos ont été rejetés par le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Esmaeil Baqaei, qui les a qualifiés d’« absurdités ».
Les diplomates européens affirment rester ouverts à une résolution par la voie diplomatique mais maintiennent leurs conditions, en particulier la transparence sur les stocks sensibles et un retour immédiat des inspections. L’absence de consensus entre les puissances occidentales et Téhéran continue d’alimenter un climat d’incertitude sur l’avenir des engagements nucléaires iraniens.