Le gouvernement du Pakistan a annoncé l’allocation de 2 000 mégawatts (MW) d’électricité pour alimenter la première phase d’un plan national destiné à accueillir des centres de données d’intelligence artificielle (IA) et des fermes de minage de Bitcoin. Cette initiative, menée par le Pakistan Crypto Council (PCC), s’inscrit dans un effort plus large de valorisation de l’électricité excédentaire du pays et de stimulation des investissements directs étrangers.
Une nouvelle orientation énergétique pour attirer les capitaux
Cette décision intervient alors que le pays a récemment légalisé les cryptomonnaies. Le PCC, entité soutenue par le ministère des Finances, a été créé pour encadrer l’intégration des technologies blockchain et des actifs numériques dans l’économie pakistanaise. Selon un communiqué officiel, ce programme vise à « monétiser l’énergie non utilisée, générer des emplois à haute valeur ajoutée, attirer des milliards de dollars en investissements directs étrangers et accroître les recettes publiques ».
Plusieurs entreprises internationales spécialisées dans les centres de données et le minage de cryptomonnaies ont déjà exprimé leur intérêt pour ce projet. Certaines ont effectué des visites exploratoires dans le pays, et d’autres sont attendues dans les prochaines semaines.
Conversion de la capacité excédentaire en actifs numériques
Les centres de données et les installations de minage étant fortement consommateurs d’énergie, leur déploiement permet de rediriger l’électricité actuellement sous-utilisée, notamment celle issue des centrales fonctionnant en dessous de leur capacité. Le directeur général du PCC, Bilal Bin Saqib, nommé conseiller principal auprès du ministre des Finances, a indiqué que cette orientation permettrait de convertir une charge financière structurelle en source de revenus libellés en dollars.
Le développement numérique s’appuie aussi sur une infrastructure de connectivité renforcée, notamment grâce à l’atterrissage au Pakistan du câble sous-marin Africa-2, un réseau de 45 000 kilomètres reliant 33 pays à travers 46 stations d’atterrissage. Cette connexion permettrait d’améliorer significativement la performance et la résilience du réseau internet local.
Un positionnement stratégique dans un marché sous tension
Le Pakistan entend tirer profit de la tension actuelle sur le marché mondial des capacités de traitement, alors que la demande mondiale pour les centres de données IA dépasse les 100 gigawatts (GW), contre une offre estimée à seulement 15 GW. En comparaison de pays comme l’Inde ou Singapour, où les coûts de l’électricité et le manque de foncier entravent l’expansion, le Pakistan met en avant une énergie stable, disponible et à faible coût.
Le gouvernement prévoit également des incitations fiscales, telles que des exonérations de droits de douane sur les équipements importés et des allégements fiscaux pour les développeurs d’infrastructures IA. Les prochaines phases du projet pourraient inclure des centres alimentés par des énergies renouvelables, notamment l’éolien (potentiel de 50 000 MW dans le corridor Gharo-Keti Bandar), le solaire et l’hydroélectricité.