L’Ouzbékistan, par l’intermédiaire de son raffineur Saneg, a initié le raffinage du pétrole brut en provenance de l’Afghanistan, marqué par le lancement de la première cargaison transportée par rail depuis le terminal de Hairatan. Ce développement s’inscrit dans un contexte de crise énergétique aiguë en Afghanistan, amplifiée par des difficultés d’approvisionnement, notamment depuis l’Iran et le Turkménistan. Le gouvernement taliban, sans reconnaissance internationale formelle depuis 2021, cherche à redémarrer la production pétrolière locale afin de réduire sa dépendance vis-à-vis des importations de carburant.
Un Partenariat aux Enjeux Multiples
Saneg accepte de traiter le brut afghan à la raffinerie de Fergana, une installation conçue à l’époque soviétique pour gérer divers types de pétrole brut, y compris celui à forte teneur en soufre. Le brut afghan, principalement extrait des blocs du bassin d’Amou-Daria, est une ressource sous-exploitée en raison du manque d’infrastructures de raffinage sur le sol afghan. En traitant ce brut, l’Ouzbékistan non seulement renforce ses capacités de production interne de diesel, mais offre également une issue temporaire aux autorités afghanes pour gérer leur crise énergétique.
L’accord de raffinage représente une des premières collaborations transfrontalières pour le pétrole brut afghan, malgré les relations historiquement complexes entre les deux pays. En l’absence de reconnaissance officielle des talibans par la communauté internationale, ces initiatives de coopération énergétique témoignent d’une tentative de réintégration régionale menée par le gouvernement de Kaboul.
Des Défis Techniques et Stratégiques
Le projet présente des défis techniques liés à la qualité du brut et aux capacités de raffinage. La teneur en soufre élevée du brut afghan nécessite des ajustements dans le processus de traitement à la raffinerie de Fergana. De plus, les sanctions économiques qui pèsent sur l’Afghanistan compliquent la mise en œuvre et la durabilité de cet accord. Néanmoins, pour l’Ouzbékistan, le traitement de ce brut offre une opportunité de diversification de son approvisionnement énergétique et de renforcement de ses exportations.
D’autres pays de la région, notamment la Russie et le Kazakhstan, explorent des options similaires pour sécuriser des parts de marché tout en soutenant indirectement l’économie afghane. Cette dynamique reflète les efforts de repositionnement géopolitique des pays d’Asie centrale face à l’isolement de l’Afghanistan sur la scène internationale.
Implications Régionales et Futures Évolutions
L’initiative de traitement du brut afghan par Saneg s’inscrit dans une stratégie plus large de l’Ouzbékistan visant à optimiser ses capacités de raffinage et à exploiter des opportunités commerciales dans un contexte régional volatil. Les perspectives d’exportation de produits raffinés vers l’Afghanistan offrent une possibilité de revenus supplémentaires et de soutien énergétique à un voisin en difficulté. Toutefois, l’incertitude politique et la fragilité des relations bilatérales pourraient limiter les bénéfices à long terme de ce partenariat.
D’autres entreprises, comme celles basées en Russie, ont manifesté leur intérêt pour des accords similaires. Une coopération accrue pourrait potentiellement stabiliser l’approvisionnement énergétique dans la région, tout en représentant une réponse pragmatique aux sanctions internationales et aux défis internes que subit l’Afghanistan.