Ørsted annonce la signature d’un accord avec Equinor pour la vente de 330 000 tonnes de crédits de suppression de dioxyde de carbone (CDR) sur une période de dix ans. Ce partenariat repose sur le développement du « Ørsted Kalundborg CO2 Hub », un projet majeur qui vise à capturer 430 000 tonnes de CO2 d’origine biogénique par an dès 2026. Ce carbone proviendra de deux centrales à cogénération fonctionnant à la biomasse, propriétés de Ørsted. L’objectif est de capturer le CO2 émis par des sources de biomasse qualifiées de durables. Ce CO2 sera ensuite transporté pour être stocké de manière permanente sous le plancher de la mer du Nord. Ce processus de stockage permet de retirer du carbone de l’atmosphère et de contribuer aux efforts de décarbonation. Le stockage sous-terrain sera assuré par Northern Lights, une infrastructure détenue notamment par Equinor.
Défis et solutions économiques autour du marché des crédits CDR
La capture et le stockage de carbone (CSC) basés sur la biomasse est une technologie encore en phase de développement, accompagnée de coûts élevés. Le marché des crédits de suppression de carbone est encore embryonnaire, et la viabilité économique de projets tels que celui de Kalundborg dépend fortement de la vente de ces crédits. Ørsted bénéficie également du soutien financier de l’Agence danoise de l’énergie, une aide cruciale pour que ces technologies puissent atteindre la maturité nécessaire. Cet accord entre Ørsted et Equinor illustre la stratégie adoptée par les entreprises pour se positionner sur le marché volontaire du carbone. Equinor, dans sa démarche de réduction des émissions de gaz à effet de serre de Scope 1 et 2, vise une baisse de 50 % d’ici 2030 par rapport aux niveaux de 2015. Bien que la majorité de cette réduction (90 %) doive être atteinte par des mesures directes, jusqu’à 10 % de cet objectif pourra être réalisé grâce à des crédits d’élimination de CO2, comme ceux fournis par Ørsted.
Un accord au cœur de la décarbonation
Pour Equinor, ce partenariat permet de répondre à une partie de ses objectifs de réduction d’émissions tout en contribuant à structurer un marché prometteur mais encore peu régulé. Les crédits de carbone, bien qu’encore marginaux, offrent une alternative aux entreprises pour compenser certaines émissions incompressibles. Cette approche permet à Equinor de combiner des efforts de décarbonation directs avec des solutions de compensation via le marché CDR. Du côté de Ørsted, cet accord est vu comme une avancée stratégique pour son projet de capture de carbone, qui repose sur des technologies encore émergentes. L’objectif est de consolider ces technologies dans un modèle économique viable, en s’appuyant sur des partenariats industriels comme celui-ci.
Perspectives économiques et réglementaires
Si cet accord montre la voie, le marché des crédits CDR est encore soumis à de nombreuses incertitudes, notamment en matière de réglementation. La norme actuelle autour de l’élimination de carbone varie selon les pays et les régions. Des discussions sont en cours au niveau international pour encadrer davantage ces pratiques et établir des cadres légaux plus solides pour les échanges de crédits carbone. Pour les entreprises comme Ørsted et Equinor, ces avancées législatives seront déterminantes pour la pérennité de leurs projets et la structuration d’un marché plus fluide. La participation d’institutions publiques, telles que l’Agence danoise de l’énergie, est d’ailleurs perçue comme un facteur stabilisant pour attirer de nouveaux acteurs dans ce secteur en plein essor.
Cet accord représente une illustration des efforts des grands acteurs industriels pour anticiper les réglementations futures tout en intégrant les dernières innovations technologiques dans leurs stratégies. Ørsted, en particulier, s’impose comme un acteur clé dans l’élaboration de solutions intégrant les technologies de capture de carbone et leur monétisation via des crédits CDR.