Le développeur danois Orsted, en coentreprise avec Skyborn Renewables, a intenté une action en justice contre l’administration Trump à la suite de la suspension soudaine du projet éolien en mer Revolution Wind, situé au large des côtes nord-est des États-Unis. Le recours a été déposé devant la Cour fédérale du district de Columbia et conteste la légalité d’un ordre d’arrêt des travaux émis par le département de l’Intérieur, invoquant des raisons de sécurité nationale non spécifiées.
Le projet, évalué à 5 milliards $, était achevé à 80 % au moment de l’interruption. Les fondations offshore étaient installées et 45 turbines sur 65 avaient déjà été montées. Selon Orsted, cette décision aurait été prise sans fondement légal ni preuve tangible, mettant en péril un investissement stratégique pour le groupe et ses partenaires.
Une coalition juridique menée par deux États
Les États du Rhode Island et du Connecticut ont rejoint l’initiative judiciaire, annonçant qu’ils déposeront une plainte distincte devant une cour fédérale à Providence. Le procureur général du Connecticut, William Tong, a qualifié cette décision gouvernementale de « gouvernance erratique » et « manifestement illégale », affirmant que l’objectif du recours est de faire annuler l’ordre fédéral de suspension.
Le département de l’Intérieur n’a pas commenté publiquement les actions en cours. De son côté, Orsted a alerté sur des pertes supplémentaires de 1 milliard $ si l’interruption devait se prolonger. Le groupe souligne que les navires spécialisés, indispensables à l’achèvement du projet, pourraient être redéployés sur d’autres chantiers, entraînant des retards d’au moins un an voire un abandon complet de l’infrastructure.
Un contexte politique et industriel incertain
Cette suspension intervient dans un climat hostile à l’énergie éolienne offshore au sein de l’administration Trump. Le président américain a fréquemment critiqué cette technologie pour son impact visuel et ses coûts de production, tout en promouvant des politiques énergétiques centrées sur les hydrocarbures.
En avril, le Bureau of Ocean Energy Management (BOEM) avait également suspendu un autre projet éolien détenu par le groupe norvégien Equinor, avant de revenir sur sa décision à la suite d’interventions diplomatiques du gouvernement norvégien. Le projet Revolution Wind devait initialement entrer en service l’année prochaine et produire de l’électricité pour alimenter environ 350 000 foyers aux États-Unis.
Pour Orsted, cette interruption arrive à un moment délicat. L’entreprise a annoncé en août un projet de levée de fonds de 60 milliards de couronnes danoises (9,41 milliards $) par augmentation de capital, afin de consolider sa position financière après plusieurs revers dans le secteur nord-américain.