Le chinois XTC et le français Orano ont officialisé mardi leur association pour fabriquer en France des composants de batteries pour véhicules électriques, production pour laquelle Orano table à terme sur 30% de matériaux recyclés, un moyen de contourner partiellement la lutte pour l’approvisionnement en matières premières.
Orano, industriel spécialiste de la valorisation et la transformation des matières nucléaires, et le groupe XTC New Energy, spécialiste de la production des matériaux de cathodes pour batteries, « ont signé des accords en vue de créer deux co-entreprises dédiées à la production des matériaux critiques pour les batteries de véhicules électriques », a annoncé mardi Orano dans un communiqué. Ils confirment ainsi les annonces d’Emmanuel Macron, vendredi, lors d’un déplacement sur le thème de la réindustrialisation à Dunkerque, où ils projettent d’implanter deux usines de production sur un même site, pour un investissement de 1,5 milliard d’euros au total.
L’usine de recyclage ouvrira en 2026
Plus précisément, ces deux usines représentent 1,3 milliard d’euros d’investissement, le reste devant financer « l’implantation d’une usine de recyclage de batteries à proximité », un procédé actuellement au stade de pilote industriel dans le Limousin, selon Didier David, directeur du projet batteries pour Orano. « On aura la fabrication des précurseurs de matériaux de cathodes, la fabrication des matériaux de cathodes en tant que telle qui permettra de fournir des composants clé en main aux fabricants de batteries en tant que tels et puis l’usine de recyclage, de récupération des matériaux pour les extraire à nouveaux et réalimenter l’usine de précurseurs », a résumé M. David, lors d’un entretien à l’AFP.
Orano va s’appuyer sur un procédé auquel il travaille depuis 2020 avec le Liten, un laboratoire grenoblois du Commissariat à l’énergie atomique (CEA), spécialisé dans les technologies de la transition énergétique: s’il respecte son calendrier, l’usine de recyclage ouvrira, comme les deux autres, en 2026 « et donc à temps pour à la fois recycler les rebuts des giga-factories » installées dans la région « et petit à petit les batteries en fin de vie », a précisé M. David. « Ce procédé doit monter progressivement en puissance. Il est prévu à terme qu’il constitue jusqu’à 30% des approvisionnements mais au début il est bien évident que nous aurons à compter sur l’achat de métaux comme le cobalt, le nickel et le lithium », a indiqué M. David à l’AFP.
Outre les obligations européennes pour les constructeurs d’utiliser des batteries avec des matériaux recyclés, « compte tenu de la disponibilité des matières premières, le matériau recyclé va devenir une donnée fondamentale, ce qu’on va appeler une sorte de mine urbaine pour qu’à terme, une part de plus en plus importante des matières proviennent non pas de mines, mais de nos propres consommations », a ajouté M. David.