Le groupe français Orano a récemment relancé les travaux préparatoires pour l’exploitation de l’un des plus grands gisements d’uranium au monde, Imouraren, situé dans le nord du Niger. Ce projet, suspendu en 2011 après la catastrophe de Fukushima, pourrait considérablement booster l’économie locale tout en renforçant la position stratégique d’Orano dans le secteur nucléaire.
Un contexte économique et politique complexe
Depuis la prise de pouvoir par un régime militaire en juillet 2023, les relations entre le Niger et ses anciens alliés, notamment la France, ont été tendues. Orano a dû suspendre ses opérations en 2023, avant de les reprendre en février 2024. La société a rouvert ses infrastructures et commencé à accueillir les équipes de construction nécessaires à la relance du projet.
Un gisement aux enjeux multiples
Imouraren, avec ses 200.000 tonnes de réserves d’uranium, représente un enjeu majeur non seulement pour Orano mais aussi pour l’économie nigérienne. La mise en exploitation de ce gisement devrait créer des emplois et dynamiser l’économie régionale. En 2023, Matthieu Davrinche, directeur d’Imouraren SA, avait indiqué que la décision finale d’exploitation serait prise en 2028, après une phase de tests prévue pour 2024.
Défis logistiques et géopolitiques
Malgré la reprise des travaux, Orano fait face à des défis logistiques importants. La fermeture des frontières et les sanctions économiques imposées par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) ont compliqué l’approvisionnement en réactifs chimiques essentiels. Bien que ces sanctions aient été levées, des problèmes persistent dans la chaîne logistique, impactant la production de la mine de Somaïr, actuellement la seule en opération après la fermeture de Cominak en 2021.
Recherche de nouveaux partenaires
Avec la détérioration des relations avec la France, le Niger cherche à diversifier ses partenariats internationaux. Le régime militaire a renforcé ses liens avec la Russie et l’Iran, suscitant des inquiétudes à Washington, notamment en raison de l’augmentation des stocks d’uranium enrichi iranien. Bien que le Premier ministre nigérien, Ali Mahaman Lamine Zeine, ait déclaré qu’aucun accord n’avait été signé avec l’Iran concernant l’uranium, la situation reste sous surveillance.
La relance des travaux d’exploitation du gisement d’Imouraren par Orano représente un tournant crucial pour le secteur de l’énergie nucléaire au Niger. Malgré un contexte politique instable et des défis logistiques importants, cette initiative pourrait revitaliser l’économie locale et repositionner Orano sur la scène mondiale. Les développements futurs dépendront de la capacité du Niger à stabiliser ses relations internationales et à établir une logistique d’approvisionnement fiable.