Bien que la demande de pétrole observe toujours une croissance positive, celle-ci sera moins importante en 2023 qu’elle ne l’est en 2022. Le dernier rapport de l’OPEP est cependant l’objet de nombreuses interrogations.
Les données du rapport mensuel de juillet 2022
L’organisation des pays exportateurs de pétrole anticipe une baisse relative de la demande mondiale. Un ralentissement qui s’explique par les tensions géopolitiques, le niveau global de l’inflation et le risque induit par le COVID-19. La croissance est supposée être en partie soutenue par la Chine. Le rapport s’appuyant sur la vitalité économique et la résilience du pays dans le cadre de la crise sanitaire.
L’augmentation prévue de 3,3 millions de barils par jour (bpd) pour cette année reste inchangée. La progression de la demande sera moins marquée en 2023, avec une demande en hausse de 2,7 millions bpd.
La consommation de pétrole doit dépasser les niveaux de 2019, mais l’approvisionnement demeure une problématique importante. En cause la capacité de production des pays non-membres de l’OPEP qui pourraient ne pas suivre l’évolution de la demande.
L’OPEP table cependant sur une amélioration générale du climat politique international dans son rapport:
» En 2023, les attentes d’une croissance économique mondiale saine dans un contexte d’amélioration des développements géopolitique, combinées aux améliorations attendues dans le confinement du COVID-19 en Chine, devraient stimuler la consommation de pétrole. »
Le rapport de l’OPEP, un rapport contestable
De nombreuses inconnues demeurent et les perspectives soutenues sont très optimistes. L’organisation soutient des estimations se basant sur un risque économique modéré et l’absence d’escalade en Ukraine, choses très incertaines.
Les conclusions initiales des délégués de l’OPEP ainsi que de l’IEA (International Energy Agency) sont moins réjouissantes. Ces derniers tiennent davantage compte des effets de la hausse des prix sur la consommation actuelle et la croissance attendue.
De la même façon, les prévisions relatives à une augmentation de la production semblent difficilement atteignables. Afin d’équilibrer le marché déstabilisé par les pertes russes, les pays membres doivent supporter une augmentation de 900.000 bpd de plus qu’en 2022.
Le sous-investissement de certains membres dans les champs pétrolifères a entraîné une baisse du volume extrait. L’Arabie saoudite notamment, n’a pas honoré son quota fixé à 10,66 millions bpd. La production excédentaire en a alors été réduite, bien que les cours ont connu des niveaux record. Cette dynamique accroît les incertitudes à propos d’une augmentation de la production.
Un marché toujours sous tension en 2023 ?
Afin de tenir ses prévisions, une augmentation de 234.000 bpd à 28,7 millions bpd a été opérée en juin. La capacité de production générale de l’OPEP à cependant été réduite il y a plusieurs années. Par une diminution des forages en 2020 d’une part, et par des excédents entre 2014-2016 d’autre part. La dégradation induite des revenus pétroliers pèsent sur les investissements et agit à retardement. Ainsi, les difficultés actuelles résultent d’événements antérieurs.
L’offre extérieure à l’OPEP doit être majoritairement assurée par les États-Unis en 2023, notamment via du pétrole de schiste. Si l’augmentation des prix les années précédentes a jusque-là favorisé une progression du secteur, l’offre doit progresser de 710.000 bpd contre 880.000 bpd en 2022.
Tandis que la hausse actuelle des prix du pétrole commence à impacter la croissance du secteur, l’offre incertaine empêche le marché de se détendre. Cela fait craindre à terme un ralentissement de la reprise de l’économie mondiale. Depuis la publication du rapport, le prix du baril est passé sous les 103$, une nette évolution depuis le pic de 139$ atteint en mars.
Beaucoup d’incertitudes demeurent y compris en ce qui concerne les données avancées pour 2022. En attendant le prochain rapport mensuel, et dans une démarche prospective, les éléments crisogènes nécessitent une attention particulière.