L’Agence internationale de l’énergie (AIE) anticipe une remontée significative des stocks pétroliers mondiaux dès l’année prochaine, conséquence directe du ralentissement marqué de la demande dans les économies développées et d’une augmentation de la production de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés (OPEP+). Selon les dernières prévisions, cette dynamique entraînerait un « rééquilibrage » notable entre l’offre et la demande après une période prolongée de tensions sur les marchés pétroliers. L’AIE maintient une croissance de la demande mondiale à 740 000 barils par jour (b/j) pour 2025, ajustant légèrement à la hausse ses estimations pour 2026, avec une prévision de 760 000 b/j. Cependant, cette stabilité apparente cache une divergence marquée entre les économies émergentes et développées.
Baisse de la demande dans les pays de l’OCDE
Dans les pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), la demande pétrolière devrait enregistrer une baisse de 120 000 b/j en 2025, s’accélérant à 240 000 b/j en 2026. Cette tendance s’explique principalement par une conjoncture économique incertaine, notamment liée aux tensions commerciales internationales persistantes. Malgré une amélioration relative du climat commercial entre les États-Unis et la Chine, les incertitudes économiques continuent d’impacter négativement la demande globale de pétrole. Par ailleurs, la faiblesse récente des prix pétroliers et du dollar américain pourrait stimuler modestement la consommation dans certaines régions, mais l’effet reste limité en raison des contrôles étatiques sur les prix dans plusieurs marchés émergents.
Révisions à la hausse pour l’Égypte et le Nigeria
L’AIE a révisé à la hausse ses données historiques et prospectives de consommation pétrolière pour l’Égypte et le Nigeria, après corrections de statistiques nationales. Pour l’Égypte, les nouvelles données révèlent une consommation plus élevée de fioul, gazole et gaz de pétrole liquéfié (GPL) qu’initialement reportée, notamment en raison d’une utilisation accrue du pétrole pour la génération électrique liée à des pénuries de gaz naturel. Au Nigeria, les données révisées montrent une accélération marquée de la consommation de carburants, principalement d’essence et de gazole, due en partie à l’entrée en activité de nouvelles capacités de raffinage, comme la raffinerie Dangote.
OPEP+ relève sa production, la Russie affectée
Du côté de l’offre, la décision de l’OPEP+ d’accélérer ses augmentations de production dès 2025 devrait faire progresser l’offre mondiale de pétrole de 1,6 million b/j, selon les estimations de l’AIE. L’Arabie saoudite devrait contribuer à la majorité de cette hausse, compensant ainsi la sous-production de certains membres du groupe qui n’ont pas atteint leurs quotas. En revanche, les perspectives d’approvisionnement en pétrole en dehors de l’OPEP+ restent contrastées, avec une croissance de 1,3 million b/j prévue en 2025, mais revue à la baisse à 820 000 b/j en 2026, en partie à cause des difficultés rencontrées par les producteurs américains de pétrole de schiste.
La Russie subit directement les effets des récentes baisses de prix pétroliers, impactant ses revenus issus des exportations pétrolières malgré une augmentation de ses volumes d’exportation à 7,6 millions b/j en avril. Les revenus russes du pétrole ont ainsi chuté à leur plus bas niveau depuis juin 2023, s’établissant à environ 13,2 milliards de dollars pour le mois d’avril. Parallèlement, des sanctions accrues ciblant la flotte maritime russe compliquent encore la situation pour le pays, malgré la levée de certaines restrictions liées au plafonnement des prix du pétrole russe.
OPEP ajuste ses propres prévisions
Dans son rapport mensuel, l’OPEP a également ajusté à la baisse ses prévisions de croissance de l’offre des pays hors OPEP+, anticipant une progression limitée à 800 000 b/j pour les années 2025 et 2026. Ce chiffre, inférieur aux estimations de l’AIE, reflète une prévision de réduction d’environ 5 % des dépenses en exploration et production pétrolière en dehors de l’OPEP+. Par ailleurs, l’OPEP a légèrement relevé l’estimation de la quantité de pétrole brut que le groupe devra produire pour équilibrer le marché mondial à environ 42,6 millions b/j en 2025 et 42,9 millions b/j en 2026.
Ces développements soulignent les incertitudes économiques persistantes, influencées par les politiques commerciales internationales et les contraintes opérationnelles des producteurs, laissant aux professionnels du secteur des interrogations sur l’évolution prochaine du marché pétrolier mondial.