La coalition OPEC+ aborde l’année 2025 dans un contexte marqué par une instabilité croissante, aussi bien sur le plan géopolitique que sur celui des fondamentaux du marché pétrolier. La situation est rendue plus complexe par l’entrée en fonction prochaine de Donald Trump, dont les orientations politiques pourraient bouleverser les équilibres pétroliers mondiaux, alors que les guerres en Ukraine et au Moyen-Orient continuent de perturber les flux d’approvisionnement.
Les inquiétudes sur la demande, notamment en Chine, ont conduit l’OPEC+ à repousser à plusieurs reprises ses projets de remise en production. Ces hésitations s’expliquent par un affaiblissement des prix du pétrole au second semestre 2024, alimenté par des craintes d’inflation persistante et un ralentissement économique global. Par ailleurs, l’augmentation des approvisionnements des producteurs extérieurs à l’OPEC+ a contribué à réduire la part de marché de l’alliance, érodant ainsi son influence sur les prix.
Un dilemme stratégique pour l’OPEC+
Face à cette conjoncture, l’OPEC+ se trouve devant un dilemme stratégique. Maintenir les réductions de production actuelles pourrait entraîner une nouvelle perte de part de marché, tandis qu’une augmentation de l’offre risquerait de faire chuter les prix en dessous du seuil de rentabilité pour plusieurs de ses membres.
Actuellement, l’OPEC+ prévoit d’assouplir progressivement 2,2 millions de barils par jour (mb/j) de coupes volontaires à partir d’avril, en espérant une reprise de la demande après la période de maintenance saisonnière des raffineries. Cette décision inclut également un ajustement des quotas pour les Émirats arabes unis, obtenu après de longues négociations internes. Cependant, les analystes estiment que cette stratégie comporte des risques importants, avec des projections de prix susceptibles de descendre sous les 70 dollars par baril en cas de hausse des quotas.
Conformité et discipline interne
La question de la discipline en matière de quotas reste au cœur des préoccupations de l’OPEC+. En novembre 2024, les membres ont dépassé leurs cibles de production collective de 91 000 barils par jour, une amélioration par rapport aux dépassements observés en octobre. Le ministre de l’Énergie saoudien, le prince Abdulaziz bin Salman, continue d’exercer une forte pression sur les contrevenants tels que l’Irak, le Kazakhstan et la Russie pour limiter les écarts, mais avec des résultats inégaux.
Impact de la politique américaine
Le retour de Donald Trump pourrait redistribuer les cartes au sein de l’alliance. Une politique de sanctions renouvelée contre l’Iran pourrait réduire les volumes exemptés des quotas actuels, offrant ainsi une opportunité à d’autres membres de l’OPEC+ pour regagner des parts de marché. Cependant, les antécédents de Trump, notamment sa décision passée d’accorder des exemptions de sanctions à l’Iran, soulèvent des doutes quant à la prévisibilité de ses actions.
Demande mondiale sous pression
Du côté de la demande, les perspectives restent fragiles. Les prévisions de croissance de la demande mondiale pour 2024 et 2025 ont été révisées à la baisse par l’OPEC et d’autres organismes tels que l’Agence internationale de l’énergie. Avec une croissance projetée entre 1,1 et 1,4 mb/j pour 2025, l’OPEC+ mise sur une reprise plus robuste, mais les incertitudes économiques et géopolitiques pourraient limiter cette dynamique.
Alors que l’alliance tente de stabiliser les prix, les acteurs du marché surveillent également l’impact potentiel de la montée en puissance des approvisionnements non-OPEC, notamment aux États-Unis. Ce défi structurel complique davantage la tâche de l’OPEC+ dans un environnement déjà tendu.