Le gouvernement fédéral américain a sélectionné onze entreprises dans le cadre d’un programme pilote destiné à concevoir et tester des petits réacteurs nucléaires modulaires sur le sol national. Le Département de l’Énergie des États-Unis (DOE) a précisé que l’objectif était de voir au moins trois de ces unités atteindre la criticité d’ici le 4 juillet 2026.
Les sociétés choisies incluent Aalo Atomics, Antares Nuclear, Atomic Alchemy, Deep Fission Inc., Last Energy, Oklo, Natura Resources LLC, Radiant Energy, Terrestrial Energy et Valar Atomics. Celles-ci devront financer intégralement la conception, la fabrication, la construction et le démantèlement de leurs réacteurs. Ce modèle de financement vise à limiter l’exposition financière de l’État tout en accélérant le déploiement de nouvelles technologies nucléaires.
Un programme porté par la présidence et une législation allégée
Le projet découle d’ordonnances exécutives signées par le président Donald Trump en mai 2025, permettant au DOE de délivrer directement des autorisations pour les réacteurs expérimentaux, sans passer par la Commission de réglementation nucléaire des États-Unis (Nuclear Regulatory Commission, NRC). Selon le secrétaire adjoint à l’Énergie James Danly, cette initiative représente une “mobilisation” industrielle, ajoutant que “le Département fera tout ce qui est en son pouvoir pour soutenir les efforts de ces entreprises”.
La montée en puissance des besoins énergétiques, alimentée notamment par le développement de l’intelligence artificielle et des centres de données, motive cette accélération. Les petits réacteurs modulaires sont présentés comme une solution potentiellement plus compétitive en termes de coût par mégawatt, du fait de leur modularité et de la possibilité de production en série en usine.
Des obstacles industriels et réglementaires persistants
Malgré l’allègement de certaines procédures, plusieurs défis subsistent. L’absence d’usines capables de produire les composants nécessaires, ainsi que l’approvisionnement en uranium faiblement enrichi à haute teneur (high-assay low-enriched uranium, HALEU), constituent des points critiques. Ce combustible, requis pour certains modèles avancés, est aujourd’hui produit en quantités limitées, et uniquement dans quelques pays.
À ce jour, seuls la Chine et la Russie exploitent commercialement des petits réacteurs modulaires. Les États-Unis cherchent ainsi à combler leur retard tout en diversifiant leur mix énergétique national. Le projet pourrait également offrir une nouvelle vitrine technologique à l’international, alors que la concurrence s’intensifie sur le marché nucléaire civil.
Concurrence entre filières énergétiques sur le marché américain
Le même jour, le développeur danois Ørsted a annoncé une augmentation de capital de $9.4bn destinée à stabiliser sa situation dans le secteur éolien offshore américain. Cette opération, qualifiée de “mesure proactive” par l’entreprise, reflète les incertitudes croissantes autour de certains projets renouvelables. En comparaison, l’énergie nucléaire pourrait apparaître comme une option plus stable à court terme pour certains investisseurs.