Le ministère de l’Énergie et des Minéraux d’Oman a signé trois accords d’exploration et d’exploitation minière valorisés à 500 millions de dollars, marquant une accélération dans la stratégie de diversification économique du sultanat. Les concessions, attribuées à Gulf Mining Materials Company et Novel Muscat International Company, couvrent 1 677 kilomètres carrés dans les gouvernorats d’Al Buraimi et d’Al Wusta. Ces projets visent l’extraction de cuivre, chrome, silice, calcaire et sels industriels, des matériaux essentiels pour les industries manufacturières et la transition énergétique mondiale. L’annonce intervient alors que le secteur minier omanais ne représente actuellement que 0,6% du produit intérieur brut national, loin de l’objectif de 779 millions de dollars de contribution fixé pour 2030.
Gulf Mining Materials Company investira 4 millions de dollars dans la phase d’exploration initiale de la zone 11C, située dans le gouvernorat d’Al Buraimi. Cette concession de 1 089 kilomètres carrés abrite des formations rocheuses ophiolitiques riches en cuivre et chrome, deux métaux dont les prix mondiaux ont connu une volatilité significative en 2024. Le cuivre s’échange actuellement autour de 9 300 dollars la tonne métrique sur les marchés asiatiques, tandis que les charges de traitement et de raffinage restent négatives à moins 41,70 dollars par tonne métrique selon les évaluations de S&P Global Platts. Cette dynamique de marché tendue reflète un déséquilibre croissant entre l’offre minière mondiale, qui devrait culminer à 27,3 millions de tonnes en 2030, et une demande stimulée par l’électrification des transports et les infrastructures de données.
Des investissements massifs dans la transformation industrielle
Novel Muscat International déploiera l’essentiel des 500 millions de dollars sur deux zones distinctes dans le gouvernorat d’Al Wusta. La première concession de 558 kilomètres carrés accueillera une usine de production de chaux hydratée, tandis que la seconde zone de 30 kilomètres carrés hébergera une installation de production de carbonate de sodium utilisant l’évaporation d’eau de mer. Ces infrastructures industrielles s’ajoutent aux projets existants de Minerals Development Oman (MDO), notamment le complexe de titane de Sohar d’une capacité de 150 000 tonnes annuelles et le projet de cuivre Mazoon visant 115 000 tonnes de production annuelle d’ici 2027. Le secteur minier omanais a produit 67,7 millions de tonnes de minerais en 2024, générant des revenus de 297 millions de dollars, principalement grâce aux exportations de gypse qui représentent 35% du volume total.
Les trois nouvelles concessions s’inscrivent dans le cadre de Vision 2040, le plan de transformation économique qui vise à porter la contribution des activités non pétrolières à 90% du produit intérieur brut. Le programme prévoit également de créer 1 660 emplois directs pour les citoyens omanais dans le secteur minier, conformément aux objectifs d’omanisation qui visent un taux de 42% de nationaux dans le secteur privé d’ici 2040. Les entreprises sélectionnées devront conduire des études géophysiques, géochimiques et des forages exploratoires durant les trois premières années, avant de passer à la phase de production commerciale.
Un positionnement stratégique sur les marchés mondiaux
Oman dispose d’avantages géologiques significatifs avec des réserves confirmées de 30 millions de tonnes de chromite, 111 millions de tonnes de silice de haute pureté et 242 millions de tonnes de dolomite selon les dernières évaluations de MDO. Le pays exporte déjà 90% de sa production de chrome vers la Chine et détient la première place mondiale pour les exportations de gypse avec 12,4 millions de tonnes expédiées annuellement. L’infrastructure logistique du sultanat, notamment le port de Duqm et les projets ferroviaires en développement, facilite l’accès aux marchés asiatiques où la demande pour les métaux de base reste soutenue malgré le ralentissement économique chinois. Les analystes de BMO Capital Markets prévoient un surplus de cuivre raffiné de 100 000 tonnes en 2025, mais les contraintes sur l’approvisionnement en concentrés maintiennent une pression sur les prix.
Le ministère de l’Énergie et des Minéraux prépare une nouvelle série d’appels d’offres pour 15 à 20 blocs miniers supplémentaires, ciblant particulièrement les gisements de nickel, cobalt et terres rares. Ces métaux stratégiques sont essentiels pour les batteries de véhicules électriques et les technologies renouvelables, secteurs où la demande devrait croître de 70% d’ici 2050 selon l’Agence internationale de l’énergie. Les investissements directs étrangers dans le secteur minier omanais restent limités aux partenariats avec des entreprises locales, conformément aux restrictions de propriété qui maintiennent un contrôle national sur les ressources naturelles. Cette approche contraste avec les stratégies plus libérales adoptées par l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, qui courtisent activement les majors minières internationales pour développer leurs propres ressources minérales estimées respectivement à 2 500 milliards et 700 milliards de dollars.