L’IEA (International Energy Agency) prévoit que les investissements mondiaux en amont dans le pétrole et le gaz augmenteront de 7% pour atteindre 570 milliards de dollars en 2024, après une hausse de 9% en 2023. Bien que ces investissements demeurent 30% en dessous du pic de 2015 grâce à des améliorations d’efficacité des coûts, ils restent considérablement élevés par rapport aux niveaux nécessaires pour atteindre les objectifs climatiques de 2030. En parallèle, les dépenses mondiales en énergie propre, telles que les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique, ont presque doublé par rapport à celles des combustibles fossiles. Toutefois, l’IEA souligne que les investissements en pétrole et gaz de cette année sont alignés avec les niveaux de demande de pétrole projetés pour 2030 selon le scénario STEPS (Stated Policies Scenario) de l’IEA. Ce scénario prévoit une stabilisation ou une diminution de la demande de charbon, de pétrole et de gaz naturel avant 2030.
Scénarios de consommation et investissements nécessaires
Selon le scénario APS (Announced Pledges Scenario) central de l’IEA, les dépenses en amont sont en passe d’être environ 35% plus élevées que nécessaire pour atteindre les objectifs climatiques nationaux d’ici 2030. En outre, les investissements mondiaux en amont dépassent de plus du double les niveaux requis pour limiter la consommation de pétrole conformément aux objectifs de l’Accord de Paris. L’IEA réitère qu’aucun investissement supplémentaire dans les projets pétroliers et gaziers à long terme n’est nécessaire pour répondre à la demande mondiale dans les prochaines décennies. La trajectoire de consommation de pétrole et de gaz est limitée par la croissance rapide des énergies renouvelables, de l’efficacité énergétique et d’autres sources d’énergie propre.
Dépenses totales en énergie et incertitudes futures
Les investissements énergétiques mondiaux devraient dépasser les 3 000 milliards de dollars en 2024 pour la première fois, dont 2 000 milliards seront consacrés aux technologies propres. Ces technologies incluent les énergies renouvelables, les véhicules électriques, l’énergie nucléaire, les réseaux électriques, le stockage, les combustibles à faibles émissions, les améliorations de l’efficacité et les pompes à chaleur. L’IEA prévoit que la demande de gaz, de pétrole et de charbon atteindra un pic d’ici 2030. Dans son scénario APS, la demande mondiale de pétrole devrait atteindre environ 97,5 millions de barils par jour en 2030. En revanche, S&P Global prévoit un pic de la demande de pétrole et de biocarburants à environ 111 millions de barils par jour en 2031, tandis que l’OPEC (Organization of the Petroleum Exporting Countries) prévoit une demande de 110,2 millions de barils par jour en 2028.
Le secteur du raffinage et l’impact des incertitudes
L’IEA prévoit que les investissements dans les raffineries de pétrole diminueront de 5% en 2024, suivant une tendance similaire observée en 2023 avec des investissements juste en dessous de 37 milliards de dollars. Environ 800 000 barils par jour de nouvelle capacité de raffinage devraient entrer en service en 2024, principalement en Chine, en Inde et au Moyen-Orient en raison des coûts d’exploitation compétitifs et de la croissance de la demande. Face à un décalage croissant entre les objectifs de long terme pour le changement climatique et les émissions mondiales mesurées, de nombreux raffineurs optent pour rationaliser les capacités ou passer à des procédés à faible teneur en carbone. Les incertitudes autour de la croissance future de la demande présentent des défis significatifs pour les nouveaux investissements dans le secteur du raffinage. Les investissements des compagnies pétrolières et gazières dans les énergies propres ont atteint 30 milliards de dollars en 2023, représentant seulement 4% des dépenses globales en capital de l’industrie cette année-là. Par ailleurs, les investissements dans le charbon continuent de croître, avec plus de 50 gigawatts de capacités de centrales au charbon non atténuées approuvées en 2023, le chiffre le plus élevé depuis 2015. Les dépenses en énergies propres des entreprises pétrolières et gazières en 2023 ont augmenté de 30% par rapport à 2022, mais restent bien en dessous de la hausse de 65% observée entre 2021 et 2022, reflétant en partie l’inflation et les problèmes de chaîne d’approvisionnement pour certains projets renouvelables.
L’analyse des investissements et des perspectives du secteur montre une tension entre les ambitions climatiques et la réalité des investissements en énergies fossiles, nécessitant une réévaluation continue des stratégies et des priorités pour atteindre un avenir énergétique durable.