Une majorité des Allemands sont en faveur du retour du nucléaire dans le pays, selon un sondage ARD-DeutschlandTrend. Cette enquête remet en cause la politique de sortie de nucléaire. À l’heure où la crise énergétique bat son plein, le gouvernement allemand a besoin du soutien national pour que les mesures soient acceptables.
Selon des sondages récents, le public allemand est favorable à l’exploitation des trois réacteurs nucléaires restants d’ici la fin de l’année. De plus, les Allemands soutiennent l’idée de maintenir des tranches de fonctionnement jusqu’à cinq ans supplémentaires. Ces derniers sont même enclins à construire de nouveaux réacteurs en raison de la crise énergétique.
Un consensus autour du nucléaire en Allemagne
Bien que l’Allemagne tende à s’écarter du nucléaire, les citoyens allemands réclament l’utilisation de cette ressource à court terme.
À titre d’exemple, 78% des Allemands soutiennent la poursuite de l’exploitation des trois derniers réacteurs allemands jusqu’à l’été 2023. Cette donnée provient d’un sondage réalisé par l’institut de sondage en ligne Civey.
Paradoxalement, les partisans des Verts sont en faveur de cette initiative. L’enquête ARD-DeutschlandTrend révèle qu’une majorité des partisans du parti (61%) souhaitent prolonger le fonctionnement des réacteurs de quelques mois. Néanmoins, 7% confirment ne pas vouloir utiliser le nucléaire sur le long terme.
Sur un panel de 5.000 personnes, le sondage montre un large consensus pour prolonger la durée de vie des réacteurs restants. C’est le cas de 67% des citoyens allemands qui souhaitent prolonger l’exploitation des réacteurs pendant encore cinq ans. En comparaison, seulement 27% sont contre.
Toutefois, l’utilisation du nucléaire à long terme divise, malgré la crise énergétique actuelle. Par exemple, 41% des personnes interrogées sont favorables à la construction de nouvelles centrales nucléaires. Cependant, 52% s’opposent à l’expansion de l’énergie nucléaire dans le pays.
La politique de sortie du nucléaire remise en cause
Par conséquent, ces récents sondages remettent en cause la politique de sortie du nucléaire prônée dans le pays. Cette politique se justifie par les différentes catastrophes en lien avec cette énergie.
En mars 2011, l’accident de la centrale de Fukushima Daiichi au Japon marque l’Allemagne. C’est pour cette raison que le gouvernement fédéral décide d’éliminer progressivement l’énergie nucléaire d’ici la fin 2022 au plus tard. Avant cet accident, l’énergie nucléaire produisait un quart de l’électricité allemande.
Dès lors, le gouvernement met en place sa politique de sortie du nucléaire. En août 2011, le 13e amendement de la loi sur l’énergie nucléaire entre en vigueur.
De ce fait, huit unités ferment immédiatement : Biblis A et B, Brunsbüttel, Isar 1, Krümmel, Neckarwestheim 1, Phillipsburg 1 et Unterweser. S’ajoutent à cela, la fermeture de Brokdorf, Grohnde et Gundremmingen C, fin décembre 2021.
Alors que les trois derniers réacteurs – Emsland, Isar 2 et Neckarwestheim 2 – ont vocation à fermer, le chancelier allemand, Olaf Scholz, envisage de maintenir ces trois unités. Selon lui, cela pourrait « avoir du sens » pour garantir la sécurité énergétique dans le pays.
La satisfaction gouvernementale en déclin
En somme, ce choix politique de la sortie du nucléaire peut expliquer le déclin de la satisfaction envers le gouvernement fédéral. Seulement 36% des personnes interrogées sont satisfaites ou très satisfaites. Cela représente une baisse de 5% par rapport au mois précédent. À savoir, c’est le niveau le plus faible depuis leur prise de fonction en décembre 2021.
Cette vision négative du travail gouvernemental vaut pour l’ensemble des 3 partis au pouvoir. Le travail des Verts satisfait moins ou pas du tout 55% des citoyens allemands (+2). Concernant le SPD, l’insatisfaction s’élève à 62% (+4). C’est le FDP qui récolte le plus d’insatisfaction, soit 70% (+13 points de pourcentage par rapport à la fin avril).
Toutefois, les citoyens soutiennent l’objectif de l’indépendance énergétique de l’Allemagne, notamment vis-à-vis des ressources russes. Une majorité des personnes interrogées (71%) estiment cet objectif approprié. Pourtant, 24% le trouvent erroné.
À noter, les disparités régionales entre les Länder de l’Ouest et de l’Est peuvent expliquer ces deux types de réponse. 76% des personnes situées dans les Länder de l’Ouest approuvent cet objectif. En comparaison, le soutien dans les régions de l’Est tombe à 54%.
Les énergies renouvelables en priorité
En outre, la situation énergétique actuelle incite les Allemands à poursuivre le développement des énergies renouvelables. 81% des personnes interrogées souhaitent accélérer l’expansion de l’énergie éolienne.
Alors que les Allemands promeuvent les énergies renouvelables, certains sujets ou réponses sont moins évidents.
Concernant le gaz dit de fracturation (ou fracturation hydraulique), une majorité des répondants (56%) rejettent cette proposition. A contrario, 27% soutiennent la mesure. Pour rappel, cette technique d’extraction du gaz consiste à créer des fissures artificielles dans les couches rocheuses.
Par ailleurs, 61% soutiennent l’utilisation des centrales électriques au charbon. À l’opposé, la même part de citoyens allemands souhaite limiter temporairement la vitesse sur les autoroutes.
Ainsi, ces récents sondages révèlent la position du public allemand sur les enjeux énergétiques. Il ne reste plus qu’au gouvernement fédéral de faire les bons choix, concernant l’avenir énergétique du pays.
Illustration par Tatiana Varivoda