Le nucléaire iranien, tel que prévu dans l’accord, peut être contrôlé par l’AIEA dès que l’organisation doute des activités iraniennes. Or l’Iran a déclaré qu’elle bloquerait les inspections inopinées de l’agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). Et ce, tant que les autres parties à l’Accord de Vienne sur le nucléaire iranien (JCPOA) de 2015 ne respectaient pas leurs propres obligations.
Cette annonce intervient alors que Joe Biden tarde à revenir sur les décisions de son prédécesseur à la Maison Blanche. Si l’Iran maintient actuellement l’enrichissement de son uranium en dessous du taux nécessaire aux usages militaires, cette annonce américaine inquiète tout de même la communauté internationale.
Le nucléaire iranien ne pourra être contrôlé par l’AIEA
Le nucléaire iranien ne pourra faire l’objet des inspections surprises de l’AIEA tel qu’en dispose l’accord sur le nucléaire. L’Iran a en effet annoncé qu’elle les refuseraient à partir du 21 février. Il en sera ainsi jusqu’à ce que les autres parties à l’accord sur le nucléaire iranien de 2015 ne respectent leurs propres engagements.
Cinq pays (Allemagne, Chine, France, États-Unis et Royaume-Uni) s’étaient alors mis d’accord pour abaisser les sanctions contre l’Iran en contrepartie de l’abandon de son programme nucléaire militaire. C’est dans ce cadre que les contrôles de l’AIEA avaient été instaurés.
Donald Trump provoque le début de l’escalade
Or l’ancien président Donald Trump a réduit l’accord à néant. En 2018, il retire ainsi les États-Unis du traité tout en rétablissant de lourdes sanctions contre Téhéran. Les européens, s’ils ont désapprouvé le retrait abusif des États-Unis, n’ont pas pris de mesures efficaces pour soutenir l’Iran face aux sanctions.
Constatant la caducité de l’accord, l’Iran avait entrepris son propre désengagement progressif. Le pays avait enrichi de l’uranium à hauteur de 20% en janvier (ce qui reste loin de 90% nécessaire à l’élaboration d’une bombe nucléaire). Une usine de fabrication d’uranium métal avait alors été ouverte en réponse à l’assassinat du spécialiste iranien du nucléaire Mohsen Fakhrizadeh.
Faisant clairement référence aux États-Unis, le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Saeed Khatibzadeh déclarait :
« Cela ne signifie pas la fin de tout contrôle de la part de l’agence des Nations Unis… Toutes ces étapes sont réversibles si l’autre partie change de voie et honore ses obligations. »
Quel avenir pour les négociations en vue de la situation iranienne ?
Il était attendu de Joe Biden qu’il ramène rapidement les États-Unis dans l’accord que son prédécesseur avait abandonné. Or il semble que ce dernier préfère, comme Donald Trump, renégocier l’accord initial. Interrogé le 7 février sur CBS Evening News, le Président semblait affirmer que les iraniens devaient d’abords cesser les enrichissements.
En somme, l’administration Biden exige de l’Iran qu’elle cesse de contrevenir aux dispositions de l’accord de 2015. C’est la première condition à tout retour sur la table des négociations. Pour Téhéran, c’est au contraire les États-Unis qui doivent d’abord annuler leurs sanctions avant que toute discussion ne soit possible.
Une situation verrouillée ?
Les sérieuses difficultés économiques de l’Iran font douter que Téhéran puisse tenir longtemps face aux américains. Selon Reuters, de hauts dignitaires se seraient déjà dits prêts à plus de flexibilité sur les conditions de restauration de l’accord nucléaire.
Par ailleurs, le négociateur nommé par Joe Biden sur le dossier du nucléaire iranien, Robert Malley, pourrait aider à déverrouiller la situation. Expert des affaires du Moyen-Orient sous Barack Obama, il avait largement contribué à l’élaboration du premier accord.
Le Qatar, ayant d’étroites relations avec les deux pays, tente dorénavant de jouer le médiateur. Les ministres iranien et qatari des affaires étrangères se sont rencontrées en ce sens le 15 février à Téhéran.