Après plusieurs années de tensions autour du rôle du nucléaire dans la stratégie énergétique européenne, l’Allemagne semble désormais prête à adopter une approche plus souple vis-à-vis de ses partenaires, en particulier la France. Le ministère allemand de l’Économie et de l’Énergie a affirmé récemment son engagement à respecter pleinement les choix énergétiques des autres pays européens, en adoptant une politique de neutralité technologique, sans privilégier ni exclure aucune source énergétique.
Changement de cap sous Friedrich Merz
Ce changement d’attitude intervient suite à l’arrivée au pouvoir à Berlin du chancelier conservateur Friedrich Merz, successeur du social-démocrate Olaf Scholz, dont la politique était davantage orientée vers une sortie stricte du nucléaire. Merz et le président français Emmanuel Macron ont récemment publié une tribune commune soulignant leur volonté d’un réalignement politique sur l’énergie, insistant sur l’importance d’une stratégie équilibrée et compétitive, fondée sur la neutralité technologique au sein de l’Union européenne (UE).
La France, fortement engagée dans l’énergie nucléaire grâce à ses 57 réacteurs actifs, plaide depuis longtemps pour que cette énergie soit intégrée aux mécanismes de financement européens au même titre que les énergies renouvelables. Une position qui pourrait être facilitée par le gouvernement Merz, plus ouvert que son prédécesseur sur ce dossier, même si des résistances internes subsistent.
Divergences internes au gouvernement allemand
Malgré les déclarations favorables à la neutralité technologique, des désaccords demeurent au sein du gouvernement allemand, notamment entre les ministres issus de différents partis de la coalition. Le ministre de l’Environnement, Carsten Schneider, issu des rangs sociaux-démocrates, s’est ainsi publiquement opposé à l’assimilation de l’énergie nucléaire à une énergie durable comparable aux renouvelables, illustrant les difficultés persistantes à dégager un consensus politique clair sur le sujet.
L’Allemagne a définitivement fermé ses derniers réacteurs nucléaires en 2023, optant pour une stratégie basée sur les énergies renouvelables, le gaz naturel et l’hydrogène vert afin de réduire ses émissions de carbone. Cependant, le gouvernement actuel, tout en restant prudent, affirme que toute réduction de CO₂ est bénéfique pour les objectifs climatiques, sans exclure aucune technologie potentiellement utile.
Conséquences économiques et réglementaires
La reconnaissance éventuelle du nucléaire comme énergie verte à l’échelle européenne aurait d’importantes répercussions économiques. Elle faciliterait notamment l’accès des projets nucléaires français aux financements communautaires et renforcerait le positionnement de la France dans les discussions sur l’énergie au sein de l’UE. Cependant, l’Allemagne n’a pas encore précisé explicitement sa position finale sur ces financements, préférant attendre l’examen concret des dossiers européens pour adopter une position officielle.
Alors que les discussions continuent, la nouvelle coalition à Berlin devra naviguer habilement entre ses promesses d’ouverture technologique et les divisions internes toujours marquées sur le nucléaire, laissant les observateurs attentifs à la façon dont ces choix impacteront la dynamique énergétique européenne.