Le nucléaire semble devoir être relancé en France. La commission sénatoriale a adopté les conclusions de la mission d’information transpartisane sur l’énergie nucléaire et l’hydrogène bas-carbone.
10 propositions pour relancer le nucléaire
Lancée le 9 février, la mission alertait, dès le 24 février, sur les répercussions de la guerre et le risque de black-out. De fait, l’invasion de l’Ukraine par la Russie met le système électrique français à rude épreuve. Elle a rendu ses conclusions et la commission sénatoriale les a adoptées.
La mission d’information transpartisane sur l’énergie nucléaire et l’hydrogène bas-carbone a duré six mois. Les rapporteurs ont entendu soixante personnalités lors de trente auditions. Le 11 juillet, ils se sont également rendus sur le site de l’EPR de Flamanville.
À l’issue de ces six mois, les rapporteurs ont formulé 10 propositions pour relancer l’énergie nucléaire et promouvoir l’hydrogène bas-carbone. Parmi celles-ci, on retrouve la construction effective d’au moins quatorze EPR.
Construire 14 EPR, ou plus
Dans son communiqué, la commission sénatoriale se dit « convaincue de l’intérêt de maintenir un mix majoritairement nucléaire à l’horizon 2050, tout en renforçant les énergies renouvelables et la sobriété énergétique. » En s’appuyant sur le scénario « N03 » (RTE), elle estime également impérative la construction de 14 EPR et de 4 GW de SMR. Ainsi, elle demande que cet objectif soit acté législativement dans la loi quinquennale sur l’énergie de 2023.
Daniel Gremillet, sénateur, souligne l’importance de l’énergie nucléaire:
« L’énergie nucléaire est cruciale pour atteindre les objectifs de décarbonation prévus par l’Accord de Paris de 2015. Elle l’est d’autant plus que le Paquet Ajustement 55 et le Plan RePowerEU nous obligent à accélérer, pour réduire de 55% nos émissions et sortir des hydrocarbures russes. Le discours de Belfort du président de la République n’est ni suffisamment ambitieux, ni suffisamment suivi d’effet. Nous préconisons donc d’acter rapidement le scénario « N03″ de RTE, qui permet de maintenir au moins 50% d’énergie nucléaire à l’horizon 2050. Pour nous, c’est un minimum ! »
Une réforme de grande ampleur
Par ailleurs, la commission signale que ce scénario, même réalisé, pourrait être insuffisant. Il pourrait être impossible de prolonger les réacteurs nucléaires existants au-delà de 60 ans. Les besoins en électricité pourraient également augmenter, notamment en raison de la réindustrialisation.
Dans ces cas, selon RTE, il faudrait l’équivalent de 3 ou 9 EPR supplémentaires. Pour la commission, la construction éventuelle d’autres réacteurs mériterait ainsi d’être étudiée d’ici la loi quinquennale.
Jean-Pierre Moga, sénateur, résume ainsi l’ampleur du chantier à venir pour le nucléaire:
« C’est toute une filière qu’il faut relancer ! »