La Norvège propose de revoir la fiscalité de ses entreprises pétrolières et gazières en supprimant certaines mesures incitatives. Une décision gouvernementale surprise qui alimente le débat préélectoral sur l’avenir du premier producteur de pétrole et de gaz d’Europe occidentale.
La Norvège veut sortir du pétrole et du gaz
Si la Norvège et son Parlement adoptent ces propositions, des déductions d’impôts seront donc supprimées. Encourageant pour l’heure les entreprises pétrolières à prendre des risques excessifs, leur suppression réduira in fine les remboursements des coûts d’exploration.
« Grâce à ces changements, les conditions fiscales seront plus strictes et auront un effet plus neutre sur les investissements. Dans le même temps, nous veillons à ce que les entreprises bénéficient de conditions-cadres prévisibles », déclare le ministre des finances, Jan Tore Sanner.
Selon la proposition, un taux d’imposition spécial payé par les entreprises pétrolières sera porté à 71,8% contre 56% actuellement. Mais le taux d’imposition global restera à 78% déclare le ministère des Finances.
Fin du remboursement des coûts d’exploration
La proposition prévoit également la suppression progressive du système de remboursement des coûts d’exploration. Ce système fut introduit en 2005 pour réduire le risque financier de l’exploration et encourager les petits acteurs.
Revirement politique surprise
« Il s’agit de changements importants dans le régime fiscal et nous avons besoin de plus de temps pour les comprendre », déclare Sisel Rinde, porte-parole d’Equinor.
« Il semble que cela réduirait la déduction fiscale de 89,6 % à 78 % sur les investissements. L’impact sur l’appétit des investisseurs dépendra du taux d’actualisation », a déclaré à Reuters Teodor Sveen-Nilsen, un analyste de la Sparebank 1 Markets.
Cette mesure signifierait-elle le début d’un changement bien nécessaire pour lutter contre le réchauffement climatique ? Les écologistes et certains partis d’opposition ont déjà demandé au gouvernement d’arrêter toute exploration sur le plateau continental norvégien.
En outre, selon les derniers sondages d’opinion, le gouvernement minoritaire de centre-droit devrait perdre les élections législatives des 12 et 13 septembre. Le changement climatique et l’avenir de l’industrie pétrolière et gazière norvégienne étant au centre du débat.
« Avec cette proposition, je peux dire immédiatement que le gouvernement ne survivra pas aux négociations budgétaires de cet automne », déclare Sylvi Listhaug, leader du Parti du progrès, au site web économique e24.
Incitations temporaires introduites en 2020
En 2020, le Parlement a introduit des incitations temporaires pour les entreprises pétrolières. Ce, afin qu’elles continuent à développer leurs réserves alors que le prix du brut plongeait. Cette mesure a déclenché une avalanche de nouveaux plans d’exploitation pétrolière et gazière, préservant ainsi les emplois.
En revanche, elle présente un risque de surinvestissement. Les coûts étant transférés des entreprises aux contribuables.