La Norvège se distingue par une avancée significative dans l’électrification de son parc automobile, marquant une étape historique où les voitures électriques surpassent désormais les modèles à essence. Avec 754.303 véhicules entièrement électriques immatriculés, représentant 26% du parc automobile total, la Norvège se positionne comme un leader mondial dans la transition vers des transports plus durables. En parallèle, les véhicules à essence comptent 753.905 unités, tandis que les modèles diesel, bien que toujours majoritaires avec près d’un million d’exemplaires, voient leur part de marché diminuer rapidement. Cette dynamique témoigne d’un changement profond dans les habitudes de consommation automobile au sein du pays.
Les données fournies par le Conseil d’information sur le trafic routier (OFV) soulignent l’ampleur de cette transformation. Øyvind Solberg Thorsen, directeur de l’OFV, déclare :
« C’est historique. La Norvège avance rapidement vers l’objectif de devenir le premier pays au monde dont le parc automobile sera dominé par des voitures électriques. »
Ce constat est d’autant plus frappant lorsque l’on considère que, selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), l’électrique ne représentait que 3,2% du parc automobile mondial en 2023. La Norvège, malgré son statut de gros producteur de pétrole et de gaz naturel, s’est engagée à ne vendre que des voitures neuves zéro émission à partir de 2025, un objectif ambitieux qui devance de dix ans celui de l’Union européenne.
Les facteurs de succès de l’électrification
La transition vers l’électrique en Norvège repose sur une combinaison de politiques fiscales favorables et d’incitations gouvernementales. Depuis plusieurs décennies, les autorités norvégiennes ont mis en place un cadre fiscal qui rend les véhicules électriques compétitifs par rapport aux modèles thermiques, lourdement taxés. En août, les voitures tout électriques ont représenté 94,3% des nouvelles immatriculations, un chiffre sans précédent qui contraste avec les difficultés rencontrées par d’autres pays européens. Christina Bu, secrétaire générale de l’Association norvégienne des véhicules électriques, souligne l’importance de maintenir ces incitations :
« Il ne reste plus au gouvernement qu’à faire un petit effort supplémentaire dans le projet de budget 2025 en résistant à la tentation d’augmenter les taxes sur l’électrique tout en continuant d’accroître celle sur le thermique. »
Les avantages supplémentaires, tels que la gratuité des péages urbains et du stationnement sur des parkings publics, ont également joué un rôle crucial dans l’adoption des véhicules électriques. Cependant, ces avantages ont été progressivement réduits, ce qui soulève des questions sur la durabilité de cette transition à long terme. En effet, la Norvège a parcouru un long chemin depuis 2004, où le parc automobile comptait seulement un millier de véhicules électriques. Aujourd’hui, la rapidité de ce renouvellement pourrait indiquer qu’en 2026, les voitures électriques pourraient également surpasser les voitures diesel.
Un modèle à l’épreuve des défis européens
La transition vers l’électrique en Norvège est d’une importance capitale pour atteindre les objectifs climatiques du pays, qui vise une réduction d’au moins 55% des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 par rapport à 1990. Bien que les émissions aient diminué de 4,7% en 2023 par rapport à l’année précédente, la réduction par rapport à 1990 n’atteint encore que 9,1%. La Norvège tire également la quasi-totalité de son électricité de sources renouvelables, principalement des barrages hydrauliques, ce qui renforce l’argument en faveur de l’électrique comme solution durable.
Cependant, le modèle norvégien se heurte à des défis dans le contexte européen. Alors que les ventes de voitures électriques stagnent dans d’autres pays, représentant seulement 12,5% des ventes de voitures neuves en 2023, la Norvège se distingue par sa capacité à maintenir une dynamique de croissance. Les prévisions indiquent que la part de marché des véhicules électriques pourrait atteindre entre 20% et 24% des nouvelles immatriculations en 2025 au sein de l’Union européenne, mais des doutes subsistent quant à la capacité de l’UE à interdire complètement les véhicules thermiques d’ici 2035.
Perspectives d’avenir
La situation en Suède, pays voisin, illustre les défis auxquels la Norvège pourrait également être confrontée. Les ventes de véhicules neufs électriques y ont diminué pour la première fois cette année, suite à la suppression du bonus à l’achat. Cela soulève des interrogations sur la pérennité des incitations à l’électrification et sur la nécessité d’une stratégie à long terme pour soutenir cette transition. La Norvège, tout en étant un modèle à suivre, doit naviguer avec prudence pour maintenir son avance dans un paysage automobile en constante évolution.
L’électrification du parc automobile norvégien représente un tournant significatif dans la lutte contre le changement climatique et la dépendance aux combustibles fossiles. Les leçons tirées de cette expérience pourraient offrir des perspectives précieuses pour d’autres pays cherchant à accélérer leur propre transition vers des transports plus durables.