Northvolt, le fabricant suédois de batteries électriques, traverse une crise financière majeure, marquée par une dette écrasante de 5,84 milliards de dollars. L’entreprise a demandé jeudi soir à se placer sous la protection du Chapitre 11 de la loi américaine sur les faillites. Cette démarche vise à restructurer ses finances et assurer sa survie dans un marché de plus en plus compétitif.
Au cœur de cette situation critique, Northvolt n’avait plus que 30 millions de dollars de liquidités disponibles, une somme insuffisante pour maintenir ses opérations au-delà d’une semaine. Pour pallier cette urgence, l’entreprise a obtenu un financement temporaire de 100 millions de dollars de Scania, l’un de ses clients principaux et filiale du groupe Volkswagen, ainsi qu’un prêt garanti de 145 millions de dollars sur ses actifs.
Un départ symbolique
Le cofondateur et PDG de Northvolt, Peter Carlsson, a annoncé son départ lors d’une conférence de presse vendredi, affirmant que c’était le « bon moment pour passer le relais ». L’ancien cadre de Tesla laisse derrière lui une entreprise en difficulté mais pleine d’ambitions pour l’avenir. La direction intérimaire est désormais assurée par Pia Aaltonen-Forsell, directrice financière, Matthias Arleth, directeur des opérations, et Scott Millar, responsable de la restructuration.
Les ambitions initiales de Northvolt, fondée en 2016, étaient de positionner l’Europe comme un acteur clé de l’industrie des batteries face aux géants asiatiques comme CATL, BYD ou LG. Mais des retards de production et une baisse de la demande des constructeurs automobiles ont fragilisé l’entreprise. En mai, BMW avait annulé une commande de deux milliards d’euros en raison de ces retards.
Une restructuration urgente
Pour se recentrer, Northvolt a pris des mesures drastiques. L’entreprise a supprimé 1 600 emplois sur ses 6 500 employés et suspendu le développement de son principal site de production à Skellefteå, en Suède. Elle a également choisi de se concentrer exclusivement sur la production de cellules de batteries, abandonnant les segments des cathodes et du recyclage.
En dépit de l’importance stratégique de Northvolt pour l’Europe, le gouvernement suédois a refusé de soutenir financièrement l’entreprise. La ministre de l’Énergie et de l’Industrie, Ebba Busch, a néanmoins exprimé l’espoir que la procédure de restructuration permette de garantir une solution à long terme pour Northvolt.
Une lueur d’espoir ?
Northvolt prévoit de finaliser sa restructuration d’ici la fin du premier trimestre 2025. Les financements temporaires obtenus permettront de tenir jusqu’au début de l’année prochaine, mais une recapitalisation demeure indispensable. « Il est possible que ceux qui financent aujourd’hui ce processus fassent partie de la solution à long terme », a déclaré Peter Carlsson avant son départ.
Le défi reste immense pour Northvolt. L’entreprise devra convaincre ses actionnaires, notamment Volkswagen et Goldman Sachs, de réinvestir malgré l’échec des précédentes négociations. L’avenir de Northvolt est également étroitement lié à la reprise de la demande en batteries et à sa capacité à rattraper ses retards de production.