Nord Stream 2 est aujourd’hui sur le point d’être achevé. Toutefois, un tribunal allemand a jugé qu’il n’était pas exempt des règles de l’Union Européenne exigeant que les propriétaires des gazoducs soient différents des fournisseurs du gaz qui y circule afin de garantir une concurrence loyale.
Nord Stream 2 : l’odyssée européenne
Le projet de 11 milliards de dollars mené par Gazprom qui vise à acheminer le gaz russe vers l’Allemagne en passant par la mer Baltique, s’est heurté à l’opposition politique de Washington, ainsi que de l’Ukraine et de la Pologne, qui risquent de perdre de lucratifs droits de transit si le gazoduc est mis en service.
À quelques semaines de la fin des travaux, un récapitulatif des événements entourant le gazoduc de la discorde s’impose.
2011, l’UE et Gazprom envisage d’étendre leur réseau de gazoduc
Cela a commencé en 2011 ou Gazprom et ses partenaires occidentaux envisagent d’étendre le réseau de gazoducs Nord Stream de 55 milliards de mètres cubes supplémentaires, pour un coût initial estimé à 9,5 milliards d’euros. Quatre ans plus tard Gazprom, Royal Dutch Shell, E. ON, OMV, Wintershall et ENGIE conviennent de construire le gazoduc.
2017, les Américaines entrent en scène
Toutefois, huit gouvernements de l’UE s’y opposent pour des raisons géopolitiques dont la France. Mais en avril 2017, les accords de financement sont signés par l’Allemagne.
Dans la foulée, le président américain Donald Trump signe un projet de loi sur la politique de défense incluant des sanctions sur le projet.
2020, l’Allemagne sous pression
Nouveau rebondissement en mai 2020, le régulateur allemand de l’énergie refuse d’accorder aux opérateurs une dérogation aux directives européennes sur le gaz, tandis qu’un tribunal européen rejette également une contestation de ces règles.
De plus en septembre 2020, la pression occidentale monte sur Berlin pour qu’elle reconsidère son soutien après l’attaque présumée au gaz neurotoxique d’Alexei Navalny, critique du Kremlin.
2021, Trump sanctionne, Biden se ravise
En janvier 2021, lors de son dernier jour de mandat, Trump impose des sanctions au Fortuna, un navire de pose de tuyaux russe. Et le lendemain, le Parlement européen adopte une résolution demandant l’arrêt de l’achèvement du NS 2 en réponse à l’arrestation de Navalny en Russie.
Le 19 mai 2021, la nouvelle administration américaine, lève les sanctions à l’encontre des participants au projet Nord Stream 2, affirmant que cela était dans l’intérêt national des États-Unis. Le secrétaire d’État américain Antony Blinken déclare que l’achèvement de Nord Stream 2 est un « fait accompli », défendant la décision des États-Unis de lever certaines sanctions et promettant une réponse si Moscou tente d’utiliser le gaz comme une arme.
L’Ukraine s’inquiète de sa position de pays de transit gazier
Le mois suivant, les États-Unis et l’Allemagne annoncent un accord sur NS 2 en vertu duquel Berlin s’est également engagé à répondre à toute tentative de la Russie d’utiliser l’énergie comme une arme contre l’Ukraine et d’autres pays d’Europe centrale et orientale. Le 28 juillet l’exploitant du gazoduc déclare que le NS 2 est achevé à 99 %.
Le dernier rebondissement, date du 25 aout 2021, le tribunal régional supérieur de Düsseldorf juge que le Nord Stream 2 n’est pas exempté des règles de l’Union Européenne qui exigent que les propriétaires des pipelines soient différents des fournisseurs du gaz qui y circule afin de garantir une concurrence équitable.