Le Nord Stream 2 et le conflit dans le Donbass pourraient se jouer sur la même table des négociations en vue des enjeux croisés pour l’Europe. Lier les deux sujets pourrait ainsi permettre d’élargir les perspectives de négociation et de résolution du conflit russo-ukrainien.
Le Nord Stream 2 au cœur des négociations Russie – Occident
Les sanctions Américaines contre le projet Nord Stream 2 n’ont réussi qu’à retarder son avancement. Mais de nouvelles opportunités pourraient se présenter pour adopter une nouvelle approche.
L’émoi suscité en Allemagne par l’empoisonnement de l’opposant Alexeï Navalny ayant jeté le discrédit sur le projet Nord Stream 2. Mais plutôt que de chercher à saboter le projet gazier, il semble opportun de se servir de cette affaire pour obtenir des concessions dans le Donbass Ukrainien.
Jusqu’ici, rien n’a encore convaincu le Président Russe Vladimir Poutine de quitter la région frontalière. Les négociations autour du Nord Stream 2, bousculées par d’autres accrocs diplomatiques et géopolitiques, pourraient ainsi changer la donne.
L’ambiguïté Allemande
Le gazoduc Nord Stream 2 flatte l’orgueil de la Russie. Difficile d’imaginer que le Kremlin ne fera rien pour que ce projet à 11 milliards de dollars aboutisse.
En créant une fracture entre l’Allemagne et les États-Unis, puis l’Allemagne et d’autres partenaires européens, le pipeline a permis à Vladimir Poutine de réaliser un objectif géopolitique.
Mais après le scandale Navalny, le fait d’être lié avec une entreprise comme Gazprom est un handicap pour l’Allemagne partenaire du projet gazier. D’autant plus que les écologistes Allemands opposés au projet pourraient faire partie du gouvernement après les élections de septembre 2021. Aussi, le Parlement européen a récemment appelé à mettre fin au projet.
Le principal enjeu de Nord Stream 2 a toujours été de resserrer les liens économiques avec l’Allemagne en coupant l’Ukraine de ses revenus gaziers. L’UE et certains États membres ont donc pris des mesures pour contrer la tentative Russe de dominer le marché européen.
Donbass, le cadeau empoisonné
L’épidémie de Covid-19 et la chute des cours du pétrole et du gaz qui a suivi ont été comme un coup de massue pour l’économie Russe. Pour cette raison, la Russie pourrait potentiellement réduire son soutien aux indépendantistes du Donbass. Et vu l’état de délabrement de la région, peut-être aurait-elle tout intérêt à laisser Kiev récupérer le territoire perdu.
De plus, ramener quelques millions d’électeurs des oblasts de Louhansk et Donetsk dans le système politique ukrainien a ses avantages. Ceux-ci seront peut-être plus enclins que les autres à prendre en considération les intérêts de la Russie.
Les sanctions seules n’amèneront jamais les Russes à se retirer de l’est de l’Ukraine. Néanmoins, réduire les sanctions relatives au Nord Stream 2 et au Donbass – dans le cadre d’un accord plus large – permettra peut-être de négocier.
Gérer un changement politique auprès du peuple Russe
Évidemment, le gouvernement Russe devra expliquer ce changement de politique à l’opinion publique. Il ne faudra pas être perçu comme abandonnant les « compatriotes » russophones à leur sort. Mais si besoin, Vladimir Poutine réussira à vendre cet accord à son peuple.
Exiger du Kremlin qu’il fasse un geste sans contrepartie ne mènera nul-part, si ce n’est à un prolongement du conflit en Ukraine et à une nouvelle impasse dans la Baltique. L’escalade des tensions qui a lieu depuis plusieurs semaines dans le Donbass risque de gêner de potentiels progrès sur d’autres dossiers brûlants – le contrôle des armes balistiques, par exemple.
Il est temps de faire un pas de côté et tenter de changer de paradigme. Un accord Nord Stream 2 contre Donbass pourrait donc se profiler.