Le Nigeria adopte une nouvelle loi afin de réguler le secteur pétrolier et de mieux repartir les richesses tirées de l’or noir. Le pays, premier producteur d’Afrique, tente ainsi de faire face à deux défis majeurs : la résurgence des tensions dans le delta du Niger et la pollution environnementale.
Au Nigeria, comment réparer les injustices ?
Promulguée mi-août 2021, la loi ambitionne de réparer les injustices subies par les communautés locales. Contamination des moyens de subsistance agricoles et halieutiques, pauvreté, sentiment d’abandon, sont le lot quotidien des habitants de la région du delta du Niger. De plus, la région est le théâtre de conflits entre groupes armés, qui percent les oléoducs et pillent le brut.
La loi exige que les compagnies pétrolières versent aux communautés 3% des coûts d’exploitation. Cela est loin des 10% réclamés pour une « compensation équitable ». Nwale Nchimanaonwi, un des responsables du Mouvement pour la survie du peuple ogoni (Mosop), pointe les limites de la loi :
« Comment 3% peuvent nettoyer les fuites, fournir de l’eau potable, des routes, des hôpitaux et des emplois dans les communautés pétrolières ? »
Limiter la résurgence des tensions dans le delta du Niger
Membre de l’OPEP, le Nigéria connaît une résurgence des tensions depuis 2016 avec de nouvelles attaques sur les installations pétrolières. Près de 3000 fuites sont recensées et les dégâts sont importants : pollution des terres agricoles et des eaux poissonneuses. Les compagnies pétrolières étrangères sont mises en cause, les communautés locales espèrent être dédommagées.
En ce sens, la compagnie britannique leader du secteur pétrolier Shell a récemment versé 111 millions de dollars à la communauté ogoni pour un déversement survenu en 1970. Si Shell a depuis cessé la production, les oléoducs traversent toujours les terres, les mangroves et les cours d’eau de la région. Une décision de justice a récemment attribué les puits de pétrole à la compagnie nationale NNPC.
Engager une transition concrète
Cette nouvelle loi pétrolière porte un espoir : réduire l’insécurité et la corruption qui gangrènent le secteur. L’administration du président Muhammadu Buhari espère ainsi attirer davantage d’investisseurs étrangers et protéger les communautés locales. Le ministre en charge du delta du Niger, Godswill Akpabio, défend la portée de cette loi :
« Je souhaite que les gens voient cela comme une étape importante. Les gens discutent de pourcentages, cela ne m’intéresse pas. Nous gérerons ces 3%, l’essentiel est de bien les utiliser ».
Par le biais de cette nouvelle loi, le Nigeria tente de stabiliser les tensions qui émergent autour de l’exploitation des terres. L’objectif est double : protéger les communautés au niveau local, nouer des partenariats au niveau global.