Les autorités du Nigeria et de la Libye ont annoncé avoir engagé des discussions techniques pour relancer un projet de gazoduc destiné à relier les réserves gazières nigérianes au marché européen en transitant par le territoire libyen. L’annonce intervient après une réunion bilatérale au cours de laquelle les deux pays ont convenu de mobiliser leurs équipes pour lancer des études de faisabilité.
Un tracé plus court que les alternatives régionales
Le tracé envisagé pour ce nouveau corridor énergétique est estimé à 3 300 kilomètres, ce qui en ferait l’un des plus courts parmi les projets transafricains. En comparaison, le gazoduc transsaharien Nigeria-Algérie (Trans-Saharan Gas Pipeline) s’étend sur près de 4 000 kilomètres, tandis que le projet Nigeria-Maroc est long de 5 560 kilomètres. Le nouvel itinéraire permettrait une connexion directe au gazoduc Greenstream, déjà opérationnel entre la Libye et l’Italie.
Cette configuration géographique offre un accès immédiat au réseau gazier méditerranéen sans nécessiter de nouveaux terminaux de liquéfaction ou d’infrastructure maritime. Elle constitue également une opportunité pour réduire les délais de mise en œuvre comparés aux projets plus étendus nécessitant plusieurs étapes d’interconnexion régionale.
Objectifs de diversification pour Abuja
Pour le gouvernement nigérian, l’initiative s’inscrit dans une stratégie plus large de diversification de ses débouchés énergétiques. Le pays a intensifié ses efforts pour accroître ses exportations de gaz naturel, notamment à travers la relance du projet Nigeria-Maroc, les discussions sur l’extension du West African Gas Pipeline vers la Côte d’Ivoire, et l’annonce d’un plan d’expansion gazière de 60 milliards de dollars.
Cette nouvelle option de transit par la Libye viendrait compléter ces initiatives, tout en renforçant la position du Nigeria sur le marché gazier européen, considéré comme stratégique dans le contexte d’une demande croissante et de repositionnement des flux d’importation.
Intérêts stratégiques pour Tripoli
Du côté libyen, ce projet permettrait d’exploiter davantage les infrastructures existantes, notamment le gazoduc Greenstream, en activité depuis 2004, qui relie la ville libyenne de Mellitah au terminal de Gela en Italie. La Libye cherche à augmenter sa production pétrogazière par la réhabilitation de champs existants et à sécuriser ses exportations dans un contexte de reprise progressive de ses capacités énergétiques.
Les premières discussions entre les deux pays remontent à trois ans, lorsqu’une proposition avait été formulée par Mohamed Aoun, alors ministre libyen du Pétrole. À ce stade, aucun financement n’a été annoncé et les échanges restent centrés sur la transmission de données techniques et la formalisation d’un protocole d’accord.