Depuis début octobre, le Nigeria est confronté à une nouvelle flambée du prix de l’essence, avec une augmentation marquée dans les principales villes du pays. À Lagos, la capitale économique, le litre de PMS (Premium Motor Spirit, essence) a grimpé de 855 à 998 nairas (0,62 dollar), soit une hausse de 17 %. La capitale fédérale, Abuja, ainsi que Kano, le principal centre urbain du nord, ont enregistré un prix encore plus élevé, atteignant 1 030 nairas par litre (0,64 dollar).
Fin des subventions : un choc pour les consommateurs
Ce renchérissement fait suite à la suppression des subventions sur les carburants, une mesure controversée prise par le président Bola Ahmed Tinubu dès son arrivée au pouvoir en mai 2023. Cette politique, visant à alléger la charge financière pesant sur l’État, a provoqué un triplement du coût de l’essence, qui se vendait à moins de 200 nairas par litre avant la réforme. Le gouvernement espère ainsi attirer les investissements étrangers à long terme, mais les répercussions immédiates sur le pouvoir d’achat sont sévères.
Conséquences économiques et sociales
Avec une inflation atteignant plus de 30 %, soit son niveau le plus élevé depuis trois décennies, la situation économique s’est fortement dégradée. La hausse des prix du carburant a un impact direct sur les coûts de transport et, par conséquent, sur les prix des denrées alimentaires et autres biens de consommation. « Nos patrons n’augmentent pas nos salaires, et nous payons le transport tous les jours. Les prix des denrées alimentaires augmenteront également », explique Emem Bob, une commerciale de 24 ans interrogée devant une station-service de Lagos.
Protestations limitées et appel à la patience
Malgré les appels à manifester lancés par diverses organisations politiques et de la société civile, les mobilisations du 1er octobre, jour de la fête nationale nigériane, n’ont pas rassemblé une foule significative. Le président Tinubu a profité de l’occasion pour appeler les Nigérians à faire preuve de patience, tout en soulignant la nécessité des réformes pour sortir le pays de cette crise.
Incertitudes sur l’avenir
La société pétrolière nationale NNPC (Nigerian National Petroleum Corporation) n’a pas encore commenté cette nouvelle hausse. Les experts estiment que tant que les tensions économiques persistent, d’autres ajustements de prix pourraient suivre, rendant la situation encore plus difficile pour les ménages nigérians. Le pays, qui compte déjà un taux de chômage élevé et une pauvreté endémique, risque de voir croître le mécontentement social dans les mois à venir.