Le gouvernement du Niger a pris la décision de retirer le permis d’exploitation de la mine d’uranium d’Imouraren à la société française Orano. Cette décision intervient malgré la reprise des travaux sur le site, répondant aux attentes des autorités nigériennes. Orano a confirmé la nouvelle, soulignant que les infrastructures d’Imouraren étaient rouvertes depuis le 4 juin 2024 pour accueillir les équipes de construction et avancer dans les travaux. Dans une note datée du 11 juin, le ministère des Mines du Niger avait rappelé que le permis d’exploitation serait retiré si des travaux d’exploitation n’avaient pas commencé dans un délai de trois mois après le 19 mars. Orano avait pourtant annoncé le lancement de « travaux préparatoires » le 12 juin.
Répercussions Économiques et Sociales
La mine d’Imouraren est l’un des plus grands gisements d’uranium au monde, avec des réserves estimées à 200 000 tonnes. Orano avait prévu d’employer 800 personnes, sous-traitants inclus, lors de la phase de relance du projet. La décision du gouvernement nigérien remet en question ces perspectives, ayant des répercussions potentielles sur l’emploi et l’économie locale. Orano exploite également la mine de Somaïr dans la région d’Arlit, après la fermeture de la Cominak en 2021. Le retrait du permis d’Imouraren marque un tournant dans les relations entre le Niger et les entreprises étrangères exploitant ses ressources naturelles.
Stratégie de Souveraineté du Niger
Depuis le coup d’État de juillet 2023, le régime militaire au pouvoir à Niamey a mis en avant la souveraineté nationale comme priorité. Le gouvernement nigérien souhaite revoir en profondeur le système d’exploitation des matières premières par des compagnies étrangères, ce qui pourrait influencer les futurs investissements dans le secteur minier du pays. Orano a exprimé sa volonté de maintenir le dialogue avec les autorités nigériennes, tout en réservant le droit de contester cette décision devant les instances judiciaires compétentes, nationales ou internationales. Cette position reflète l’importance stratégique de la mine d’Imouraren pour Orano et ses implications pour l’approvisionnement mondial en uranium.
Impact sur l’Industrie Nucléaire
Le Niger représente 4,7% de la production mondiale d’uranium naturel, selon l’ESA (Euratom Supply Agency). En 2022, environ un quart de l’uranium naturel utilisé par les centrales nucléaires européennes provenait du Niger, le plaçant en deuxième position après le Kazakhstan et devant le Canada. La décision du Niger pourrait donc avoir des conséquences significatives pour l’industrie nucléaire européenne et mondiale. La réévaluation des conditions d’exploitation des ressources naturelles par le Niger s’inscrit dans une tendance plus large où les pays producteurs cherchent à maximiser les bénéfices économiques de leurs ressources. Cette approche pourrait influencer d’autres pays africains à suivre une voie similaire, redéfinissant les relations avec les compagnies minières internationales.
L’avenir de la mine d’Imouraren et son exploitation par Orano dépendront désormais des négociations futures et des éventuelles actions judiciaires. Le développement de cette situation sera crucial pour les acteurs du secteur énergétique mondial.