Le groupe français Orano a annoncé avoir initié une procédure d’arbitrage international contre l’État du Niger, à la suite du retrait, en juin 2024, de son permis d’exploitation pour le gisement d’Imouraren. Ce site, considéré comme l’un des plus grands gisements mondiaux d’uranium avec des réserves estimées à 200 000 tonnes, représente un enjeu stratégique majeur pour le secteur de l’énergie.
Contexte du conflit
La décision des autorités nigériennes intervient dans un climat tendu entre le régime militaire au pouvoir depuis juillet 2023 et plusieurs acteurs étrangers. Le Niger, qui a fait de la souveraineté sur ses ressources naturelles une priorité, cherche à renforcer son contrôle sur les actifs stratégiques, y compris l’uranium, vital pour l’industrie énergétique mondiale.
Selon Orano, cette décision a été prise malgré une proposition technique soumise pour accélérer la mise en valeur du gisement. En parallèle, le groupe souligne que les travaux sur le site avaient repris en juin 2024, après plusieurs interruptions liées aux évolutions politiques du pays.
Impacts sur les activités d’Orano
Début décembre 2024, le groupe a également rapporté que les autorités nigériennes avaient pris le contrôle opérationnel de sa filiale Somaïr, co-détenue à 63,4 % par Orano et à 36,6 % par l’État du Niger. Cette filiale a depuis suspendu sa production, citant une impossibilité de poursuivre ses opérations dans des conditions viables.
Le retrait du permis d’Imouraren et la suspension des activités de Somaïr illustrent les défis croissants pour Orano dans une région marquée par des bouleversements politiques et économiques.
Enjeux pour le marché mondial
Le Niger, qui fournit 4,7 % de la production mondiale d’uranium naturel selon les données de 2021 de l’agence d’approvisionnement d’Euratom, joue un rôle clé dans l’équilibre du marché mondial. Bien que ses volumes soient modestes comparés à ceux du Kazakhstan, leader avec 45,2 % de la production, la perte d’Imouraren pourrait avoir des répercussions sur la chaîne d’approvisionnement en uranium, notamment pour les marchés européens.
Ce bras de fer met en lumière l’importance de la stabilité politique et juridique pour attirer et retenir les investisseurs dans les secteurs stratégiques. Pour Orano, ce différend pose des questions cruciales sur la gestion des ressources dans des régions en transition politique.