À Noyelles-Godault, dans le département du Pas-de-Calais, la coentreprise Recycâbles, fondée en 2008 par les groupes Suez et Nexans, traite chaque année des milliers de tonnes de câbles usagés pour en extraire du cuivre et de l’aluminium. En 2024, 36 000 tonnes de matériaux issus de démolitions ou de réseaux téléphoniques ont été recyclées sur ce site, qui alimente en matière première des filières industrielles locales et internationales.
Les câbles, après plusieurs étapes de tri, découpe et broyage, permettent d’obtenir des grenailles de cuivre et d’aluminium ainsi que des copeaux de plastique réutilisables. L’an dernier, 18 000 tonnes de métaux et 13 000 tonnes de plastiques ont été récupérées. Ces volumes prennent de l’importance à mesure que les besoins mondiaux en cuivre augmentent pour répondre à l’électrification croissante, notamment dans les secteurs des véhicules électriques et des infrastructures éoliennes.
Expansion industrielle et investissements ciblés
Face à ces enjeux, Nexans a annoncé en octobre un investissement de 90 millions d’euros pour construire une nouvelle fonderie à Lens, à proximité de Noyelles-Godault. Ce site, unique en France, vise à recycler jusqu’à 80 000 tonnes de cuivre par an et porter à 30 % la part de cuivre recyclé dans la production de câbles d’ici 2030. Des équipements d’affinage seront ajoutés afin d’exploiter directement les grenailles produites localement, actuellement trop petites pour les fours industriels du groupe.
Aujourd’hui, une grande partie de ces grenailles est exportée, tandis que Nexans importe du cuivre recyclé affiné. Le groupe prévoit d’internaliser ce traitement pour sécuriser ses approvisionnements à long terme.
Déséquilibre structurel du marché français du cuivre
Un rapport publié en novembre par le cabinet de conseil Oliver Wyman révèle qu’en 2023, la France n’a recyclé que 66 000 tonnes des 218 000 tonnes de déchets de cuivre collectés, alors que sa consommation annuelle s’élève à 257 000 tonnes. Près de 206 000 tonnes ont été exportées, soulignant le déficit d’investissement dans les capacités de traitement sur le territoire.
La pression sur le marché est exacerbée par la concentration géographique du raffinage mondial. Selon un rapport dirigé par Mario Draghi, ancien président de la Banque centrale européenne, entre 35 % et 70 % de la capacité mondiale de raffinage des métaux se trouve en Chine.
Dans ce contexte, Nexans poursuit également ses engagements à l’export. Le groupe a conclu un contrat d’un milliard d’euros pour fournir 450 kilomètres de câbles sous-marins haute tension destinés au raccordement de futurs champs éoliens au large de la Normandie et de l’île d’Oléron, prévus pour 2031 et 2032.