Une start-up d’ingénierie de petits réacteurs modulaires nucléaires est en train de voir le jour à Belfort, née du foisonnement de l’association Apsiis, fondée par des syndicalistes de General Electric et des entrepreneurs locaux, a-t-on appris mardi auprès des fondateurs.
Neext Engineering, officiellement lancée mercredi, est née d’un groupe de travail dédié au nucléaire de l’Association de préfiguration de sociétés d’intégration et d’ingénierie systèmes (Apsiis).
Cette association visait “à conserver des emplois” et à maintenir les compétences “d’ingénierie” de la région après le “désengagement de grands donneurs d’ordre”, rappelle Philippe Petitcolin, président d’Apsiis et syndicaliste à la CFE-CGC chez GE.
La start-up se positionne sur les petits réacteurs nucléaires innovants.
À Belfort, le 10 février, lors de son discours sur la relance de la filière nucléaire, le président de la République Emmanuel Macron avait annoncé un milliard d’euros d’aides pour le développement des petits réacteurs nucléaires modulaires (les SMR, pour “Small modular reactor”), dont 500 millions d’euros pour le projet Nuward d’EDF et 500 millions d’euros pour des projets innovants.
Un appel à projets sur le nucléaire innovant, dans le cadre de France 2030, est lancé et Neext Engineering se positionne.
Les SMR équipent aujourd’hui les porte-avions et sous-marins nucléaires français. Une demande existe, à l’international, pour construire, à partir de ces réacteurs, des centrales électriques nucléaires de taille plus modeste.
“C’est parti d’une intuition”, que Belfort disposait des compétences nécessaires au développement de ces réacteurs innovants, confie Jean Maillard, ingénieur généraliste et président de la jeune société.
“Nous nous appuyons sur une compétence collective, un savoir-faire d’intégrateur propre au nord Franche-Comté, qui a 40-50 ans”, insiste Alexis Sesmat, autre membre fondateur.
“Nous passons d’un réacteur nucléaire innovant à une centrale nucléaire innovante”, schématise Jean Maillard. Une centrale, d’une puissance de 10 à 100 mégawatts, qui peut être vendue sur catalogue.
L’entreprise va déposer son projet fin 2022, début 2023 auprès de l’État.
“Nous allons proposer un design innovant pour ces petites centrales nucléaires. L’une des clés de l’innovation est de réinventer la manière de concevoir l’installation”, estime Jean Maillard.
Selon lui, le potentiel marché de ces centrales modulaires est à défricher et elles pourraient très bien intéresser des acteurs privés, à terme.
“Ce n’est pas une concurrence à Nuward”, rassurent les fondateurs. “Nous ouvrons d’autres voies.”
En parallèle, la société proposera des services d’ingénierie d’intégration, pour assurer son chiffre d’affaires.