Naftogaz, la société publique ukrainienne du secteur pétrolier et gazier, a proposé à l’Union européenne (UE) la création de réserves stratégiques de gaz naturel à l’échelle communautaire, incluant les capacités de stockage disponibles sur le territoire ukrainien. Cette proposition a été adressée à la Commission européenne dans le cadre de la révision en cours de la stratégie de sécurité énergétique de l’UE.
L’Ukraine dispose du plus grand réseau de stockage souterrain de gaz d’Europe, dont les capacités excèdent largement la demande intérieure. Naftogaz affirme que ces infrastructures pourraient renforcer la sécurité énergétique de la région et améliorer la résilience face aux perturbations physiques ou cybernétiques. « Les capacités de stockage excédentaires et les capacités techniques de soutirage disponibles peuvent servir la région voisine, en plus de couvrir la demande nationale », indique le document.
Appel à repenser les objectifs européens de stockage
Naftogaz a également plaidé pour la suppression des objectifs de remplissage imposés par l’UE après 2027. Selon la société, la règlementation actuelle désavantage les installations de stockage situées en dehors des frontières de l’Union, notamment en Ukraine. Le gaz stocké hors UE ne comptant pas dans les quotas de remplissage des États membres, cela limiterait les incitations commerciales à utiliser ces installations.
« La poursuite de l’application des objectifs de remplissage au niveau européen, combinée à leur limitation territoriale, compromet l’attractivité opérationnelle et financière des installations ukrainiennes », estime Naftogaz, qui demande à ce que la distinction soit faite entre les stocks stratégiques, gérés par l’UE, et les stocks commerciaux, laissés au marché.
Proposition d’un régime sans tarif de transit gazier
Dans sa lettre, Naftogaz appelle également à une étude sur l’impact économique d’un régime de transit gazier sans tarif au sein de l’UE. Depuis la réorientation des approvisionnements européens vers le gaz naturel liquéfié (GNL), les pays enclavés ont vu leurs coûts de transport augmenter en raison du franchissement de multiples frontières et de la multiplication des tarifs de transit.
Ces surcoûts, selon Naftogaz, nuisent à la compétitivité de ces économies tout en réduisant l’intérêt commercial d’utiliser les stockages ukrainiens, qui avaient pourtant joué un rôle essentiel en période de tension sur le marché gazier. L’entreprise considère que la mise en place d’un régime zéro tarif pourrait atténuer ces effets et améliorer la fluidité du marché régional.
Contexte géopolitique et pressions sur le marché
La proposition intervient dans un contexte de révision des politiques énergétiques européennes, amorcée après l’invasion de l’Ukraine et la réduction drastique des importations de gaz russe. En 2022, les prix sur le marché de gros européen avaient atteint un sommet historique, forçant l’UE à adopter des mesures exceptionnelles pour stabiliser l’approvisionnement.
Alors que les prix du gaz ont reculé depuis leur pic d’août 2022, la Commission européenne prévoit de présenter une nouvelle version de son cadre de sécurité énergétique au premier trimestre 2026.