Le spécialiste français des microréacteurs, Naarea, s’allie à Phoenix Manufacture pour structurer l’industrialisation de son réacteur XAMR (eXtra Advanced Molten Salt MicroReactor). Ce partenariat, annoncé récemment, vise à intégrer les étapes cruciales de conception, prototypage, fabrication du premier exemplaire (FOAK) et production de masse, en s’appuyant sur des technologies de pointe comme l’impression 3D.
Phoenix Manufacture, basé à Niort, est réputé pour son expertise en ingénierie de précision et la conception de systèmes mécaniques dans des secteurs aussi variés que le militaire, le nucléaire, l’aérospatiale et la robotique. Grâce à ce partenariat, les deux entreprises envisagent également la création d’une usine commune avec des installations spécialement conçues pour le retraitement des matériaux utilisés.
Une collaboration structurée en cinq phases
Le projet s’articule autour de cinq étapes clés jusqu’à l’horizon 2032. La première phase se concentre sur la validation des matières premières et la faisabilité des pièces conçues par Naarea pour la fabrication additive. Par la suite, le prototypage des composants du microréacteur sera réalisé avant de passer à la production en série, destinée notamment à fournir les pièces nécessaires au FOAK.
Les étapes suivantes incluront la montée en capacité de production et la mutualisation des compétences des deux partenaires. Un effort particulier sera consacré à l’étude de solutions pour le recyclage des déchets de production et des composants usagés, en cohérence avec les objectifs environnementaux du secteur nucléaire.
Un microréacteur à vocation stratégique
Le XAMR, un réacteur à neutrons rapides utilisant des sels fondus, se distingue par sa taille compacte et son caractère autonome. Naarea le présente comme une solution adaptée aux applications dans des domaines tels que le transport, l’agriculture ou encore les bâtiments intelligents. Capable de générer jusqu’à 80 MWth (40 MWe), le XAMR pourrait être déployé dans des zones éloignées ou hors réseau, permettant ainsi une réponse ciblée à la demande énergétique.
Selon Jean-Luc Alexandre, fondateur et PDG de Naarea, l’intégration de l’impression 3D joue un rôle central dans la vision de l’entreprise. Cette technologie permettrait non seulement de réduire les coûts de production et les besoins d’assemblage, mais aussi d’assurer un contrôle qualité continu tout au long du processus de fabrication.
Un partenariat stratégique pour la réindustrialisation française
Marco Calcamuggi, PDG et cofondateur de Phoenix Manufacture, voit dans ce projet une opportunité de placer l’innovation française au cœur de la réindustrialisation. L’usage disruptif de l’impression 3D, notamment dans le secteur nucléaire, constitue un levier de transformation pour l’industrie.
En parallèle, Naarea poursuit ses efforts de diversification en matière d’applications énergétiques. Grâce à un récent partenariat avec QGEMS, une plateforme avancée de gestion énergétique, la société entend optimiser la production et la distribution de son réacteur pour des usages étendus, incluant les centres de données et les territoires isolés.
La production des premiers XAMR est attendue d’ici 2030, confirmant l’ambition de Naarea de répondre aux enjeux énergétiques mondiaux tout en consolidant sa place parmi les acteurs innovants du secteur.