La Russie a officiellement sollicité l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) afin de régler un différend complexe autour du combustible américain stocké dans la centrale nucléaire de Zaporijia. Cette centrale, la plus grande d’Europe, est sous contrôle russe depuis mars 2022 et se trouve à l’arrêt complet depuis septembre de la même année. Au cœur du litige : le combustible nucléaire fourni par la société américaine Westinghouse Electric Company, présent sur le site. Moscou souhaite redémarrer la centrale, mais le statut du combustible américain constitue un obstacle important à cette reprise d’activité.
Enjeux de la propriété intellectuelle
Alexeï Likhachev, directeur général du groupe nucléaire russe Rosatom, a explicitement indiqué que son pays était prêt à utiliser le combustible Westinghouse actuellement entreposé à Zaporijia ou à le restituer aux États-Unis. Toutefois, Washington invoque des questions relatives à la propriété intellectuelle, compliquant ainsi toute décision rapide sur le devenir de ce combustible. Face à cette impasse, la Russie espère que l’AIEA pourra faciliter une médiation entre les deux puissances nucléaires pour parvenir à une solution opérationnelle rapide et permettre la reprise d’activité à la centrale.
L’AIEA, représentée par son directeur général Rafael Grossi, a d’ores et déjà exprimé sa disponibilité pour jouer le rôle de médiateur dans ce dossier complexe. Néanmoins, le directeur général de l’AIEA a clairement indiqué qu’à ce jour, les conditions techniques minimales pour un redémarrage ne sont pas réunies. L’agence souligne notamment deux prérequis essentiels non remplis : la stabilité du réseau électrique et un approvisionnement suffisant en eau de refroidissement. Ces éléments doivent impérativement être rétablis avant d’envisager tout redémarrage effectif des réacteurs nucléaires.
Initiatives techniques sur le terrain
Parallèlement aux démarches diplomatiques, la Russie poursuit activement ses efforts techniques pour permettre un éventuel retour à l’exploitation de la centrale de Zaporijia. Une station de pompage flottante, d’une capacité de 80 000 mètres cubes d’eau par heure, est en cours de construction afin de compenser la perte majeure d’approvisionnement causée par la destruction du barrage de Kakhovka en juin 2023. Par ailleurs, Moscou procède à l’installation de nouvelles lignes électriques à haute tension pour connecter directement la centrale au réseau russe, action stratégique visant à sécuriser son approvisionnement énergétique futur.
Malgré ces efforts techniques, l’AIEA affirme ne détecter aucun signe concret indiquant un redémarrage imminent. De plus, la situation sécuritaire autour de la centrale demeure instable, marquée par les affrontements militaires dans la région et des accusations mutuelles de bombardements entre les parties concernées. Dans ce contexte incertain, la résolution rapide du dossier du combustible américain apparaît comme une étape essentielle, mais insuffisante à elle seule pour garantir la reprise de l’activité nucléaire sur le site.