Le mix énergétique de la Turquie est largement impacté par la croissance rapide de l’économie et de la population du pays. Enregistrée au cours des deux dernières décennies, cette croissance a eu deux conséquences principales : une forte augmentation de la demande d’énergie et une augmentation de la dépendance aux importations.
Reforme du mix énergétique de la Turquie : priorité à la sécurité énergétique
Depuis l’examen approfondi de la Turquie par l’IEA en 2016, les principes directeurs de la politique énergétique turque se comprennent en trois axes : garantir la sécurité énergétique, accroître la production nationale, libéraliser le marché de l’énergie.
Le mix énergétique turc favorise une forte dépendance à l’égard des importations de pétrole et de gaz. La Turquie a fait de la sécurité de l’approvisionnement énergétique l’un des piliers de sa stratégie énergétique. Elle se décompose en trois points : favoriser l’exploration et la production nationale, diversifier les sources d’approvisionnement et réduire la consommation grâce à une efficacité énergétique accrue.
Mise en place du Turkstream et du TANAP
Au début des années 2000, la Fédération de Russie était le principal fournisseur de gaz. Néanmoins, la Turquie a commencé à importer du gaz d’Iran en 2001 et d’Azerbaïdjan en 2007. De nouveaux gazoducs sont mis en place comme le TurkStream en provenance de Russie et le TANAP en provenance d’Azerbaïdjan. La Turquie ambitionne même de devenir un hub gazier.
La Turquie a également diversifié ses sources et ses modes d’approvisionnement en pétrole. Ces dernières années, ses principaux fournisseurs de brut ont été l’Iran, l’Irak, la Russie et l’Arabie saoudite.
14% de réduction de la consommation d’énergie primaire
La Turquie reconnaît qu’un des principaux fondements pour améliorer la sécurité énergétique est de ralentir le taux de croissance de la consommation en améliorant l’efficacité énergétique. À cette fin, le plan d’action national pour l’efficacité énergétique (PNAEE), vise à réduire la consommation d’énergie primaire de la Turquie de 14 % par rapport aux niveaux habituels. Ce plan concerne plusieurs secteurs, notamment les bâtiments et les services, l’électricité et la chaleur, les transports, l’industrie et la technologie ou encore l’agriculture.
L’une des mesures importantes prises récemment pour promouvoir l’efficacité énergétique dans les bâtiments est la fixation d’objectifs d’efficacité obligatoires pour les bâtiments publics.
19% d’augmentation de la production de pétrole
Pour modifier son mix énergétique, la loi turque sur le pétrole prévoit certaines incitations à l’exploration et à la production nationale. Est créé par exemple un régime fiscal attractif, avec de faibles redevances. Ainsi, la production nationale de pétrole brut a augmenté de 19 % entre 2017 et 2019.
Concernant la dépendance de la Turquie à l’égard des importations de gaz naturel, celle-ci tend à diminuer. En effet, a été découvert un champ géant de gaz dans la mer Noire. Ce champ devrait commencer à être exploité en 2023.
Accroitre la production énergétique nationale
Triplement de la production d’énergie renouvelable
La production d’électricité renouvelable a presque triplé au cours de la dernière décennie, et sa part dans la production totale d’électricité a atteint 44 % en 2019. Cela contribue à la diversification du mix énergétique turque. Mais la Turquie entend poursuivre ce développement et mettra en service 10 GW de capacité solaire et éolienne au cours de la période 2017-27.
Dans le cadre du mécanisme de soutien aux énergies renouvelables (YEKDEM), la Turquie propose des tarifs d’achat pour les centrales électriques renouvelables. Un soutien supplémentaire est accordé si les composants de la centrale sont fabriqués en Turquie.
La Turquie prévoit d’installer 3 centrales nucléaires
La Turquie prévoit d’installer trois centrales nucléaires pour un total de 12 réacteurs. Actuellement, la première centrale nucléaire dite Akkuyu est en construction dans la province de Mersin, sur la côte sud de la Turquie. Elle comprend 4 réacteurs d’une capacité totale de 4800 MW et entrera en service à la fin de 2023.
La relance du charbon
Le gouvernement a mis en œuvre un plan visant à stimuler la production et la consommation nationale des importantes réserves de charbon de la Turquie. Le gouvernement a créé plusieurs mesures, comme un système d’appel d’offres, pour encourager l’extraction et l’utilisation du charbon national. Les efforts déployés par les deux entreprises charbonnières publiques, TTK et TKİ, ont inversé la tendance à la baisse de la production depuis 2015.
Libéraliser le marché de l’énergie
Améliorer la prévisibilité et la transparence du prix de l’énergie
Le troisième pilier de la stratégie énergétique de la Turquie est de continuer à faire progresser la libéralisation des marchés de l’énergie. L’objectif est d’améliorer la prévisibilité et la transparence de sa tarification. En 2001, la production, la distribution et la fourniture d’électricité ont été ouvertes aux entités privées.
Création d’une plateforme pour le marché de l’électricité
L’EXIST (Energy Exchange Istanbul) a été officiellement créée en mars 2015. Il s’agit d’une plateforme de marché de gros de l’électricité. Ces marchés fournissent des signaux de prix aux investisseurs et augmentent la transparence.
En somme, et depuis la dernière observation de 2016, la Turquie poursuit sa politique en suivant 3 axes : sécurité énergétique, croissance de la production nationale et libéralisation du marché. Néanmoins, tous les objectifs ne sont pas atteints, et la Turquie devra affronter de nouveaux défis, comme celui de la transition énergétique.