Le mix-énergétique Suisse est en passe d’être révolutionné depuis que l’EPFL suggère d’installer du solaire et de l’éolien dans les Alpes et le Jura. L’objectif étant de compléter la puissance hydraulique suisse et maximiser son autonomie énergétique.
Réinventer le mix-énergétique suisse au profit du renouvelable
Des chercheurs du laboratoire CRYOS de l’École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) ont collaboré avec l’Institut WSL. Ces derniers ont mis au point un nouveau modèle. Son but : identifier les énergies renouvelables les plus pertinentes à adopter sur le territoire helvétique pour garantir l’autonomie du pays.
Éoliennes pour le Jura, panneaux photovoltaïques pour les Alpes
Ainsi, les résultats de l’étude privilégient l’installation d’éoliennes dans le Jura et de panneaux solaires dans les Alpes. Chacune avec des parts respectives de 75% et 25%. Des ressources énergétiques qui viendraient s’ajouter à l’énergie hydraulique actuelle du pays.
Les centrales hydrauliques ont, en effet, fourni 59% de la production totale d’électricité en Suisse l’an passé. Les centrales nucléaires ont, quant à elles, contribué à hauteur de 33%, contre seulement 9% pour les installations renouvelables.
Un modèle sur-mesure pour la Suisse
Le modèle a été développé en tenant compte de la topographie de la Suisse et de ses microclimats. L’institut a aussi étudié le stockage de l’énergie hydraulique et les échanges d’énergie avec les pays limitrophes. Pour ce faire, les chercheurs se sont basés sur des données satellites et météorologiques suisses.
Le réseau électrique tel que planifié pour 2025, incluant l’infrastructure hydraulique déjà présente, a aussi été pris en compte. Ces données permettent également aux chercheurs de paramétrer le modèle. Les glaciers sont alors évités comme les fortes pentes, les forêts et le parc National.
Le Jura adéquat pour l’éolien
L’étude démontre par ailleurs que le Jura est la région la plus adéquate pour l’installation d’éoliennes. Au moins 40% des installations préconisées par le modèle se situent en effet dans le massif.
Le potentiel du solaire en milieu alpin
Enfin, les chercheurs insistent sur le potentiel caché des panneaux solaires en milieu alpin. Ces derniers pourraient, en effet, compenser le déficit énergétique en hiver lorsque la production hydraulique fléchit. Le professeur Michael Lehning, co-auteur de l’étude, commente :
« Notre étude confirme qu’il y a une vraie opportunité, y compris économique, à installer des panneaux solaires dans les Alpes. L’ensoleillement y est fort durant l’hiver. Le réseau électrique existant lié à la production d’énergie hydraulique pourrait servir à transporter cette énergie en plaine. Cette opportunité est également valable pour les éoliennes en milieu alpin. Ces dernières recèlent des potentiels encore cachés, du fait de la complexité topographique des Alpes ».
Réduire de 80% la dépendance énergétique durant l’hiver
La production continue des panneaux solaires alpins est un réel avantage en comparaison aux panneaux installés dans les villes. Malgré le succès grandissant de ces derniers en Suisse, l’importante couverture nuageuse en hiver affecte leur efficacité. En revanche, leur production d’électricité en été, tout comme celle des centrales hydrauliques, n’est pas totalement utilisée.
Ce modèle de mix énergétique pourrait donc permettre à la Suisse de se rapprocher de la neutralité carbone. Il réduirait également de 80% sa dépendance énergétique aux pays voisins durant l’hiver. Le CRYOS espère ainsi à travers cette étude convaincre les pouvoirs publics d’opter pour cette alternative renouvelable.