Depuis mercredi, une mobilisation inédite rassemble environ 500 mineurs dans la province d’Ankara, en Turquie. Ces travailleurs occupent les galeries souterraines d’une mine de charbon à Çayirhan pour exprimer leur opposition à un projet de privatisation. Le site, qui inclut également une centrale thermique, est au cœur des préoccupations des syndicats et des mineurs.
Des conditions de travail déjà éprouvantes
Talih Kocabiyik, représentant local du syndicat Maden-Is, a exprimé les inquiétudes des travailleurs concernant leur avenir. « Les mineurs craignent pour leur emploi, la sécurité au travail et leurs conditions de travail », a-t-il déclaré. Cette crainte s’inscrit dans un contexte national marqué par des précédents tragiques dans le secteur minier.
Selon les grévistes, la privatisation entraînerait une augmentation de la production au détriment de la sécurité des employés. Certains mineurs, reclus à 300 mètres de profondeur, ont menacé de recourir à une grève de la faim si leurs revendications ne sont pas entendues. « Nous tentons de défendre notre pain. Nous irons jusqu’au bout », a affirmé Osman Kazan, l’un des mineurs mobilisés.
Un secteur minier marqué par des drames
Cette mobilisation reflète un climat de méfiance généralisée. En 2014, la catastrophe de la mine de Soma avait causé la mort de 301 mineurs. Ce drame, survenu dans un site privatisé neuf ans plus tôt, avait soulevé de vives critiques sur la gestion de la sécurité dans les mines privatisées.
Un soutien politique marqué
Face à cette mobilisation, des figures de l’opposition se sont rendues sur place pour exprimer leur soutien. Özgür Özel, chef du Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate), et Mansur Yavas, maire CHP d’Ankara, ont dénoncé les conséquences des privatisations. « Après les privatisations, il y a des licenciements, une pression sur la production et des inquiétudes en matière de sécurité au travail », a déclaré Özel.
Le gouvernement turc, qui reste dépendant du charbon dans son mix énergétique, n’a pour l’instant pas répondu publiquement aux revendications des mineurs de Çayirhan. La situation pourrait toutefois se durcir si les menaces de grève de la faim se concrétisent.