Le Mexique prévoit d’attirer entre $6bn et $9bn (MXN109.2bn à MXN163.8bn) d’investissements privés dans les énergies renouvelables à l’horizon 2030, selon Jorge Islas Samperio, sous-secrétaire à la planification énergétique. Cette ambition s’inscrit dans un nouveau modèle de développement énergétique promu par l’administration de la présidente Claudia Sheinbaum, qui entend conjuguer capitaux publics et privés pour accroître la sécurité énergétique nationale.
L’objectif gouvernemental prévoit l’ajout de 6.4 GW à 9.5 GW de capacité renouvelable par le secteur privé, avec l’intégration de solutions de stockage par batteries. Ces projets viendraient compléter les investissements annoncés par la Comisión Federal de Electricidad (CFE), opérateur public du réseau électrique, qui prévoit de consacrer $23bn à douze nouveaux projets de génération d’ici 2030.
Un cadre juridique et financier encore incertain
Lors d’un forum organisé à Mexico le 5 juin, plusieurs acteurs industriels ont exprimé leurs réserves face à l’absence de cadre réglementaire et commercial défini. “Sur le papier, c’est simple d’annoncer entre 6 et 9 GW, mais le modèle doit être bancable — et ce n’est toujours pas clair”, a indiqué Narcís de Carreras, directeur général de la société de développement Valia. Il a précisé que plusieurs instruments ayant permis la croissance du secteur par le passé ne sont plus autorisés.
Parmi les douze projets prévus par la CFE figurent six centrales solaires dotées de batteries, cinq centrales à cycle combiné au gaz naturel et une centrale à combustion interne. La capacité additionnelle prévue s’élève à 3.4 GW pour les installations au gaz et à 1.6 GW pour les projets solaires, selon les données communiquées par le ministère.
Le gaz naturel maintenu comme pilier de stabilité
Malgré l’engagement affiché pour les énergies renouvelables, le gouvernement prévoit de continuer à s’appuyer sur le gaz naturel pour garantir la stabilité du réseau. La capacité de stockage par batteries devrait atteindre près de 2 GW, mais Jorge Islas Samperio a reconnu que les besoins en énergie pilotable imposent de maintenir une forte dépendance au gaz.
La demande nationale en gaz naturel a atteint en moyenne 8.9 milliards de pieds cubes par jour (Bcf/j) en 2024, en hausse de 200 millions par rapport à 2023. Cette tendance haussière, tirée par la consommation industrielle et les besoins du secteur électrique, devrait porter la consommation à 9.4 Bcf/j en 2025, avec une projection de 11.3 Bcf/j d’ici 2030, selon S&P Global Commodity Insights.
Déficit d’infrastructures et projections divergentes
La présidente de l’Asociación Mexicana de Gas Natural (Association mexicaine du gaz naturel), Vania Laban, a souligné que l’évolution de la demande n’est pas accompagnée par une stratégie claire sur les infrastructures. “Les besoins sont réels dans tous les secteurs de l’économie mexicaine, mais il n’est pas clair comment ni quand ils seront pris en charge”, a-t-elle déclaré.
L’administration mexicaine anticipe une demande électrique nationale de 64.9 GW en 2030, dont 38 % fournis par des sources propres. Toutefois, selon S&P Global Commodity Insights, la demande maximale, actuellement estimée à 50.7 GW, devrait croître à un rythme annuel de 2.7 % pour atteindre 65 GW en 2035, soit cinq ans après la prévision gouvernementale.
Jorge Islas Samperio a indiqué que de nouvelles règles pour encadrer les investissements seraient publiées dans les semaines à venir, sans en préciser les modalités ou les conditions d’accès.