Pemex, l’entreprise pétrolière nationale du Mexique, a annoncé une réduction importante de ses dépenses dans ses activités d’exploration et de production, visant à économiser environ 26,8 milliards de pesos (1,35 milliard USD). Ce plan d’austérité touche particulièrement le quatrième trimestre de 2024, période durant laquelle l’entreprise a décidé de reporter plusieurs projets stratégiques jusqu’en 2025, incluant l’acquisition d’équipements sismiques et le forage de certains puits.
Cette décision s’inscrit dans un contexte de forte pression financière pour Pemex. Avec une dette accumulée dépassant les 100 milliards de dollars, la société peine à équilibrer ses comptes tout en maintenant ses niveaux de production actuels, fixés à environ 1,5 million de barils par jour (bpd) de pétrole brut. Ce chiffre atteint 1,8 million bpd lorsqu’on inclut le condensat, un liquide de gaz naturel souvent assimilé au pétrole brut.
Défis sectoriels et économiques
Pemex, bien qu’étant une pièce maîtresse de l’économie mexicaine, est largement dépendante du soutien financier de l’État. En 2023, le gouvernement mexicain a dû injecter 42 milliards de dollars dans la compagnie pour l’aider à gérer sa dette, tout en réduisant son impôt sur les bénéfices pour libérer des fonds. Malgré cela, Pemex continue d’avoir un accès limité aux financements sur les marchés internationaux, en raison de sa mauvaise notation de crédit et de ses coûts de production en hausse.
L’un des principaux défis rencontrés par l’entreprise est de maintenir sa production tout en contrôlant ses dépenses. En effet, le coût de production de Pemex a augmenté de 60 % au cours des deux dernières années, atteignant environ 18 USD par baril, bien au-dessus des niveaux observés dans d’autres régions productrices de pétrole, comme les pays arabes. Cette augmentation est due à des infrastructures vieillissantes et à des inefficacités opérationnelles, notamment dans ses raffineries.
Conséquences pour l’avenir
Le ralentissement des investissements pourrait compromettre les ambitions à long terme de Pemex. En retardant des projets d’exploration, l’entreprise risque de ne pas découvrir de nouveaux gisements assez rapidement pour compenser la baisse naturelle de ses puits actuels. De plus, l’acquisition d’équipements critiques pour l’exploration pourrait ralentir la capacité de Pemex à identifier de nouvelles ressources.
Enfin, l’entreprise doit composer avec des coûts environnementaux croissants, notamment en raison du torchage du gaz naturel. Cette pratique, qui consiste à brûler les excédents de gaz lors de la production pétrolière, a doublé depuis 2018, et ce, malgré les engagements de réduction des émissions. En 2022, Pemex torche en moyenne 548 millions de pieds cubes de gaz par jour, ce qui aggrave sa situation financière, car elle manque l’occasion de valoriser cette ressource, tout en alourdissant sa charge environnementale.
Pemex, dans sa stratégie de réduction des dépenses, se trouve dans un contexte plus large d’un secteur énergétique mexicain confronté à plusieurs défis. Le Mexique dépend encore fortement de ses ressources pétrolières pour soutenir ses finances publiques, avec près de 17 % des recettes fiscales provenant directement des activités pétrolières de Pemex. Toutefois, la baisse continue des réserves prouvées de pétrole, qui ont chuté de plus de 40 % au cours de la dernière décennie, pose une menace à long terme pour la durabilité de cette dépendance économique.