Le gouvernement marocain a intégré dans sa contribution déterminée au niveau national (CDN) une date de sortie du charbon fixée à 2040, conditionnée à un appui international. Sans cet appui, la sortie interviendra dans le courant des années 2040. Il s’agit de la première échéance officielle annoncée par le Maroc, qui avait rejoint la Powering Past Coal Alliance (PPCA) en 2023.
Le charbon reste à ce jour la principale source d’électricité du pays, représentant 59.3 % du mix électrique en 2024, contre 70 % en 2022. Cette baisse progressive s’explique par une croissance rapide des capacités renouvelables. En 2024, l’éolien et le solaire ont produit près de 25 % de l’électricité nationale, contre seulement 9 % en 2015.
Un virage énergétique initié depuis plus d’une décennie
La stratégie énergétique du Maroc remonte à 2009, lorsqu’il s’est fixé un objectif de 52 % d’énergies renouvelables dans le mix énergétique à l’horizon 2030. Cette ambition a été renforcée en 2021 avec une cible de 70 % d’électricité renouvelable à l’horizon 2050. Lors de la COP26, le pays s’était engagé à ne plus autoriser de nouvelles centrales à charbon.
Depuis, plusieurs réformes ont été mises en œuvre pour attirer les investissements, notamment à travers des appels d’offres pour de grands projets solaires et éoliens. L’Agence marocaine pour l’énergie durable (MASEN) agit comme guichet unique pour les porteurs de projets. Parallèlement, un mécanisme de financement en partenariat public-privé a été mis en place.
Objectifs de capacité et transition industrielle
Le Maroc prévoit de tripler sa capacité renouvelable pour dépasser 15 gigawatts d’ici 2030. Cette expansion s’accompagne d’investissements dans les réseaux électriques et le stockage d’énergie, considérés comme essentiels pour sécuriser l’approvisionnement. Le pays ne prévoit plus la construction de centrales à charbon supplémentaires.
La ministre de la Transition énergétique et du Développement durable a déclaré que « le retrait progressif du charbon, combiné à une montée en puissance rapide des renouvelables, renforcera la sécurité énergétique du pays ».
Contexte international et soutien multilatéral
La décision marocaine intervient alors que les dynamiques mondiales évoluent. En 2025, les énergies renouvelables ont, pour la première fois, généré plus d’électricité que le charbon au niveau mondial. La croissance combinée du solaire et de l’éolien a dépassé celle de la demande énergétique globale au premier semestre.
Le programme de la Powering Past Coal Alliance, soutenu par la Commission de transition charbon (CTC), continue de fournir des outils aux pays souhaitant accélérer leur sortie du charbon. Le Maroc, en se dotant d’une échéance, espère attirer les financements nécessaires à une transition ordonnée et économiquement viable.