Le marché du GNL européen est en pleine remise en question. L’Agence internationale de l’Énergie (IEA) revient sur les avantages de sa libéralisation, notamment la baisse des coûts sur la dernière décennie.
Le marché du GNL et la tarification au comptant
La tarification au comptant a peut-être laissé l’UE exposée aux récents problèmes d’approvisionnement. En revanche, elle a permis de réduire de plusieurs milliards la facture des importations au cours de la dernière décennie. La situation actuelle remet tout de même en question ce système d’échanges en temps réels.
Certains voit dans les contrats sur le long terme une plus grande sécurité sur les prix et l’approvisionnement. Mais pour l’IEA, la flexibilité qu’offre la libéralisation du marché est essentielle. Notamment en matière de développement des énergies renouvelables, dont la production est plus variable.
Avant 2000, forte corrélation entre prix du gaz et du pétrole
Avant les années 2000, les prix du gaz étaient indexés sur ceux du pétrole avec des contrats à long terme. Les prix du gaz suivaient donc les tendances de ceux du pétrole. La volatilité était lissée par l’utilisation de moyennes mobiles. Il en résultait un prix de référence relativement stable qui soutenait les investissements à grande échelle.
Toutefois, les prix du gaz ne reflétaient pas les fondamentaux de l’offre et de la demande du marché lui-même. Les acheteurs de l’UE n’ont pas pu profiter des périodes d’accalmies sur les prix, notamment avec la révolution du schiste aux États-Unis.
Concurrence « gaz sur gaz »
En outre, au cours de la dernière décennie, les prix du gaz dans l’UE se sont progressivement éloignés de l’indexation sur le pétrole pour se rapprocher de la concurrence « gaz sur gaz ». Avec ce système, les prix reflètent mieux les multiples vendeurs et acheteurs de gaz naturel sur les marchés spot. La facilité de transfert de titres (TTF) aux Pays-Bas est devenue la plate-forme référence des prix de l’UE. Celle-ci offre des options de négociation et de couverture à un nombre croissant de participants au marché.
L’UE s’est également dotée d’importantes capacités d’importation de gaz par gazoduc ou sous forme de GNL. Ce changement de paradigme a également permis de profiter des prix bas en période d’abondance de l’offre.
Or, aujourd’hui, l’offre de gaz est restreinte et les prix au comptant en Europe atteignent des sommets. L’IEA estime ainsi que les pays de l’UE paieront environ $30 milliards de plus pour le gaz naturel en 2021 que s’ils avaient conservé l’indexation sur le pétrole. Cependant, dans l’ensemble, la transition progressive vers la concurrence entre gaz a permis d’économiser environ $70 milliards en factures d’importation au cours de la dernière décennie.