Le marché du carbone a fait l’objet d’un accord historique lors de la COP26, après six ans d’âpres négociations depuis les mesures envisagées lors de la COP21 en 2015.
Marché du carbone : accord pour mettre en œuvre celui de Paris
Les négociateurs réunis à Glasgow se sont mis d’accord pour réglementer le marché du carbone. Cet accord doit permettre l’application de l’article 6 de l’Accord de Paris, six ans après.
L’accord devrait débloquer plusieurs milliards de dollars d’investissements pour des projets de réduction des émissions de carbone. Kelley Kizzier, vice-présidente chargée du Climat de l’ONG Environmental Defense Fund, souhaite que ces règles facilitent les investissements privés dans les projets situés dans les pays en développement.
Cet accord est considéré comme essentiel pour permettre l’application des mesures données en 2015. Le sommet de Glasgow COP26 est ainsi complémentaire de celui de Paris COP21. Il donne en effet aux États les outils pour atteindre les objectifs fixés en 2015.
Éviter le double comptage
La décision du 13 novembre 2021 doit concrètement éviter le double comptage et « assurer une comptabilité appropriée », déclare Kelley Kizzier. Les négociateurs de Glasgow se sont aussi imposé une limite à l’utilisation des crédits carbone émis avant 2020. Il s’agit d’éviter d’inonder le marché du carbone, ce qui ferait baisser les prix – rendant l’incitation moins efficace.
Par ailleurs, le prix des crédits carbones éligibles au CORSIA (domaine de l’aviation) a augmenté de 944% cette année, selon S&P Global Platts. Le prix a atteint $8,35 par tonne métrique de CO2 le 12 novembre 2021, contre $0,8 en janvier 2021. Le CORSIA est le régime mondial de mesures des émissions de carbone.
Plus de flexibilité dans la gestion des émissions
Les règles enfin adoptées le 13 novembre donnent ainsi aux États une plus grande flexibilité dans leur gestion des émissions. Un État hébergeant projet de réduction des émissions peut décider si ces réductions seront comptabilisées pour ses propres objectifs. Il peut aussi décider de vendre ces crédits à un autre.
L’accord vise à éviter de compter deux fois la même réduction des émissions, pour deux pays différents. Pour cela, les Nations Unies doivent être informées de la vente de crédits de réduction des émissions.
Vers une expansion du marché du carbone
Dans son communiqué, l’International Emissions Trading Association (IETA) anticipe une expansion des échanges de droits d’émissions de carbone. L’association internationale considère que la nouvelle réglementation donne un meilleur cadre aux marchés du carbone. Cela doit permettre à ces marchés de réellement fonctionner dans le sens défini par la COP21 de 2015.
Dirk Forrister, directeur général de l’IETA, se félicite de cette future expansion du marché du carbone. Il déclare que ce système permet aux gouvernements et aux entreprises d’atteindre « des ambitions climatiques supérieures ».
Partage des recettes
Le texte final comprend aussi un accord sur le « partage des recettes » (Share of Proceeds) du marché du carbone. Il s’agit d’un tarif fixe sur l’échange des droits d’émissions, pour financer la transition des pays en développement. Ce tarif est fixé à 5% par les négociateurs.
L’IETA a également souligné la hausse des prix des crédits et le dynamisme du marché du carbone dans le monde. Ces prix hauts sont dus aux récents rehaussements des objectifs climatiques des États lors de la COP26. Des prix records ont été enregistrés en 2021, en Europe, en Australie et aux États-Unis.