Le marché des renouvelables a des leçons à tirer de l’effondrement du schiste. Selon le cabinet Wood Mackenzie, les deux industries empruntent le même parcours. Il y aurait beaucoup à apprendre de l’expérience des investisseurs qui ont financé les schistes bitumineux.
Marché des renouvelables: risque d’effondrement
L’industrie du schiste a démontré qu’il y a une grande différence entre les attentes et la réalité. Afin de modéliser l’offre et la rentabilité des projets, il fallait isoler les bonnes données sur le terrain et les comprendre. La sous-performance des puits, due à un espacement trop étroit, a brisé à elle seule de nombreux projets de schiste.
Cependant, il a fallu des années de collecte de données pour comprendre pleinement ce phénomène. Les entreprises pourraient être obligées de prendre en compte les meilleures hypothèses pour remporter des opportunités d’investissement dans l’énergie renouvelable. Néanmoins, il conviendra d’éviter une modélisation trop optimiste en laissant une marge d’erreur ou de variation.
Les gains technologiques ont une limite
Le schiste a été une « révolution » dans ses premières années, mais les gains technologiques ont plafonné au fil du temps. Les puits sont devenus très productifs pendant trois ans. Mais la progression de la technologie les a ensuite beaucoup ralentis à partir de 2016.
Le marché des renouvelables pourrait connaître le même sort selon le cabinet. De grandes avancées technologiques ont déjà été réalisées dans les secteurs de l’éolien et du solaire. Wood Mackenzie indique que les coûts de l’énergie solaire ont chuté de 90 % en 20 ans. De même, l’éolien américain a connu un essor considérable de la R&D en 2009 et en récolte aujourd’hui les fruits.
Les premières victoires technologiques, plus faciles
L’innovation technologique doit donc maintenir un rythme régulier pour compenser le risque géographique, tout comme dans le cas du schiste. En effet, certaines des meilleures régions pour les énergies renouvelables, comme le Texas et l’Oklahoma pour l’éolien, ont été développées en premier. Les projets éoliens et solaires dans d’autres régions auront besoin de gains technologiques pour avoir la même efficacité financière.
Vers une nouvelle série de défis opérationnels ?
Il y a un débat sur les avantages de l’échelle dans le secteur du schiste. Selon Wood Mackenzie beaucoup d’entreprises du schiste ont misé sur la taille du capital et les économies d’échelle. In fine, elles se sont rapidement effondrées entraînant une énorme destruction de valeur.
Pour ce qui est des énergies renouvelables, les plus grands risques liés à la croissance des mégaprojets peuvent être liés à leur gestion. Les projets d’énergie renouvelable ont généralement des taux de rendement interne (TRI) de développement après impôt de 8%. Absorber les retards et les dépassements de budget peut s’avérer difficile avec ce TRI.
L’augmentation de la taille des équipements a créé d’importants goulots d’étranglement dans l’exploitation du schiste. Cela pourrait également entraîner des difficultés opérationnelles et des retards dans les projets d’énergie renouvelable.
Un rapport qui met en garde le marché des renouvelables
Ce rapport de Wood Mackenzie constitue une sorte de mise en garde pour l’industrie des EnR. Les énergies renouvelables peuvent obtenir de meilleurs résultats que le schiste, à condition de surveiller de près l’avancée du secteur.
Une industrie transformatrice à fort potentiel commercial est en train d’émerger rapidement. En tirant les leçons des échecs du schiste, les finances des nouvelles énergies pourraient minimiser les risques et potentiellement les dépasser.