Le marché de l’électricité de l’UE est devenu une question politique controversée depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Plusieurs États membres cherchent à contrôler l’influence de la production de gaz dans la formation des prix de l’électricité.
Un marché de l’électricité controversé
L’ACER présentera les avantages et les inconvénients de la conception actuelle du marché du gros de l’électricité.
En somme, des instruments de couverture renforcés, de marchés à terme plus liquides, de contrats de différence et de contrats d’achat d’électricité seront examinés. Ils contribuent à soutenir les investissements à forte intensité de capital et à faible coût opérationnel.
De plus, l’ACER souhaite accroître la flexibilité par le biais de la réponse à la demande, du stockage, d’une interconnexion accrue et d’échanges plus proches du temps réel.
Le but de ces mesures est d’intégrer les volumes croissants de production intermittente d’énergie éolienne et solaire.
Repenser le modèle
La conception du marché de l’électricité doit évoluer d’un modèle de dépenses d’exploitation à un modèle d’investissement souligne Hakan Agnevall, président et CEO de Wartsila Corp à S&P Global Commodity Insights. C’est pourquoi l’accent doit être mis sur la valeur de l’énergie d’équilibrage et de la capacité de secours.
Selon H. Agnevall, il n’est pas possible de consacrer continuellement des dépenses opérationnelles à l’alimentation et à l’entretien des centrales au charbon, au pétrole et au gaz. Un nouveau modèle d’investissement permettrait d’investir dans les énergies renouvelables et d’assurer la flexibilité nécessaire pour garantir la stabilité de l’approvisionnement.
Néanmoins, le défi est de taille selon M. Agnevall. Les ajouts annuels d’énergies renouvelables doivent doubler d’ici à 2030 pour atteindre les objectifs du programme REPowerEU de la Commission européenne.
Revoir la conception du marché de l’électricité
L’augmentation spectaculaire des prix du gaz et de l’électricité nécessite une révision fondamentale de la conception du marché de l’électricité.
Joseph C. Brandt, PDG de ContourGlobal déclare :
« Cela fait quatre ans que nous disons que l’avenir du marché européen de la production d’électricité semble être de plus en plus un marché réglementé, avec l’abandon de la tarification au coût marginal et son remplacement par une forme de taux de rendement réglementé garanti appliqué à l’ensemble du secteur de la production. »
Cependant, la communauté des négociants se montre plus sceptique. Elle met en garde contre le risque de bouleverser des années de développement progressif du marché par des interventions qui fausseraient les prix et affecteraient les liquidités.
C’est ce que déclare l’European Federation of Energy Traders (EFET) :
« Le niveau actuel des prix du gaz et les menaces qui pèsent sur la sécurité de l’approvisionnement en gaz ne justifient pas des interventions – notamment sur le marché de l’électricité – qui menacent le caractère abordable de l’énergie et nos objectifs de décarbonisation à moyen et long terme. »
De plus, elle indique qu’il existe des moyens de rendre les marchés de l’électricité existants plus efficaces, comme la normalisation de l’émission de droits de transmission à terme, la promotion des contrats d’achat d’énergie à long terme, la mise à disposition d’une plus grande capacité transfrontalière, la réduction des délais de fermeture des vannes et l’accélération de la transition vers des périodes courtes de règlement des déséquilibres.
Face à ces multiples choix, l’EFET espère que l’ACER se concentrera sur ces opportunités dans son rapport.
En somme, les divisions sont multiples à la révision du marché de l’électricité de l’UE. Un débat musclé s’annonce sur la forme que devra prendre cette réforme.